Homélie du 21 juillet 2024

Ils étaient comme des brebis sans berger

16ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine IV du Psautier) - Année B

Une homélie de fr. Grégoire Maertens

Homélie :
avancez jusqu'à  29' 20' 00"



 La liturgie de la Parole de ce jour est pleine de contrastes :







«  Malheur à vous !  » lance Jérémie, le prophète.


«  Il fût saisi de compassion  », témoigne Matthieu à propos de Jésus.

«  Je traverse les ravins de la mort  » chante le psalmiste, non sans ajouter :

«  je ne crains aucun mal car Toi, Dieu, tu es avec moi !  »











 Paraphrasons une hymne que nous chantons parfois ici :







 «  Qui donc est Dieu, pour nous effrayer ainsi ?  »

 «  Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ?  »







 Qui est ce Jésus qui nous dit de venir à l'écart pour prendre un peu de repos ? De quel repos s'agit-il ? Par les temps qui courent, ose-t-on parler de repos ?







A quoi le chrétien est-il appelé dans un monde secoué par tant de troubles de tous genres ?







Comment rester des acteurs responsables et sereins dans une société qui ne conduit pas toujours, malgré ses efforts, à l'équilibre de vie, au bonheur stable, au respect de soi et des autres ?







 «  Venez à l'écart, reposez-vous un peu  ». Non pas pour vous reposer sur vos lauriers et vous réjouir de ne pas être comme ces bergers inactifs et mauvais dénoncés par Jérémie. Reposez-vous, pour prendre du recul par rapport à vos succès, à vos bonnes actions ou, qui sait, à vos insuccès et vos insatisfactions.







Résumons-nous par une question : chrétiens dans le monde, quelle est notre tâche ?







 Dans un article paru dans la Croix du 2 juillet dernier, le fr. Adrien Candiard, dominicain au Caire, touche à cette question. «  Le paradoxe des chrétiens, dit-il, qui prennent la politique au sérieux sans en attendre le salut, est une chance. Et de citer lui-même un chrétien du 2ème siècle : «  Ce que l'âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde. » Or, à l'époque, les chrétiens ne représentaient qu'une petite goutte dans l'immense Empire romain !.... Donc : croire que nous devons être l'âme du monde, c'est donner à l'Eglise un visage résolument missionnaire. Mais ce que nous avons à annoncer, ce n'est pas nous-mêmes, c'est le Royaume de Dieu. Il ne nous appartient pas, même si nous faisons tout notre possible pour lui appartenir.  »







 Le vrai repos ne sera donc pas, pour les Apôtres, la cessation des activités : ils seront d'ailleurs vite rattrapés par la foule et les urgences du moment. Le vrai repos, la mise en veilleuse de leurs soucis sera de réaliser que la fécondité du grain de la parole qu'ils ont semée ne dépend pas d'eux mais du Maître de la moisson, dont la capacité de compassion est sans commune mesure avec la leur ! Car ce Maître n'est pas seulement un personnage exceptionnellement doué, un champion olympique de la solidarité et de la miséricorde. Il est, comme l'affirme le Symbole des Apôtres, Celui qui «  pour nous les hommes et pour notre salut est descendu du ciel  ».







 Ce repos auquel Jésus nous convie ne serait-ce pas une manière typiquement chrétienne de nous engager sans fièvre ni ambition égoïste dans un esprit de service humble et joyeux, avec pour règle d'or ce verset du psaume 26 : «  Si le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain  ». En effet, toutes les initiatives humaines pour requinquer, réconcilier, réparer, soigner etc... sont vouées à une réussite fragile si elles ne sont pas remises entre les mains du grand réconciliateur. Dans la même ligne, Ambroise Paré, chirurgien du 16è siècle, disait  à propos d'un blessé : « Je le pansai, Dieu le guérit  ».







 Aux Ephésiens, Paul ne dit pas autre chose «  Dans le Christ Jésus, vous êtes devenus proches par le sang du Christ. Des deux il a fait une seule réalité... en sa personne Il a tué la haine  ». En d'autres mots, accusé d'avoir tué la haine, - c'est un comble ! - Jésus a été lui-même mis à mort pour nous sauver.







 Frères et sœurs, vous me direz peut-être : «  ce n'est pas demain la veille !  » Non, c'était hier, il y a 2000 ans et ça dure toujours, pour notre bonheur, dans cette Eucharistie. Rendons grâce ! AMEN !

 

Je ramènerai le reste de mes brebis, je susciterai pour elles des pasteurs

Quel malheur pour vous, pasteurs ! Vous laissez périr et vous dispersez les brebis de mon pâturage - oracle du Seigneur ! C'est pourquoi, ainsi parle le Seigneur, le Dieu d'Israël, contre les pasteurs qui conduisent mon peuple : Vous avez dispersé mes brebis, vous les avez chassées, et vous ne vous êtes pas occupés d'elles. Eh bien ! Je vais m'occuper de vous, à cause de la malice de vos actes - oracle du Seigneur. Puis, je rassemblerai moi-même le reste de mes brebis de tous les pays où je les ai chassées. Je les ramènerai dans leur enclos, elles seront fécondes et se multiplieront. Je susciterai pour elles des pasteurs qui les conduiront ; elles ne seront plus apeurées ni effrayées, et aucune ne sera perdue - oracle du Seigneur.

Voici venir des jours - oracle du Seigneur, où je susciterai pour David un Germe juste : il régnera en vrai roi, il agira avec intelligence, il exercera dans le pays le droit et la justice. En ces jours-là, Juda sera sauvé, et Israël habitera en sécurité. Voici le nom qu'on lui donnera : « Le-Seigneur-est-notre-justice. »

- Parole du Seigneur.

Jr 23, 1-6

Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. Sur des prés d'herbe fraîche, il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre ; il me conduit par le juste chemin pour l'honneur de son nom.

Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi, ton bâton me guide et me rassure.

Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis ; tu répands le parfum sur ma tête, ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m'accompagnent tous les jours de ma vie ; j'habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours.

Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6

Le Christ est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité

Frères, maintenant, dans le Christ Jésus, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang du Christ. C'est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui les séparait, le mur de la haine ; il a supprimé les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu les uns et les autres en un seul corps par le moyen de la croix ; en sa personne, il a tué la haine. Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches. Par lui, en effet, les uns et les autres, nous avons, dans un seul Esprit, accès auprès du Père.

- Parole du Seigneur.

Ep 2, 13-18

Ils étaient comme des brebis sans berger

En ce temps-là, les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui annoncèrent tout ce qu'ils avaient fait et enseigné. Il leur dit : « Venez à l'écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux, et l'on n'avait même pas le temps de manger. Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l'écart. Les gens les virent s'éloigner, et beaucoup comprirent leur intention. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux. En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu'ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement.

- Acclamons la Parole de Dieu.

Mc 6, 30-34