Une homélie de fr. Grégoire Maertens
Vous rappelez-vous que, dimanche dernier, l'homélie se terminait de manière assez abrupte par une mise en garde contre l'égocentrisme et un appel à la solidarité ? Le livre de Qohélet parlait d'un homme soucieux, se donnant de la peine et en proie aux insomnies, tandis que Jésus, dans l'Evangile, traçait le portrait d'un fermier riche mais avare, ne sachant que faire de ses abondantes récoltes et projetant d'agrandir ses greniers pour stocker son grain !
Aujourd'hui, Jésus enfonce le clou : ne stockez pas vos projets de vie, ne stockez pas vos soucis, ne stockez pas vos biens-si ce n'est pour les partager. Autrement dit : vivez sans projets, sans soucis, sans biens !
En effet, le petit mot « sans » revient comme un refrain dans la liturgie de la parole de ce dimanche :
« Abraham partit sans savoir où il allait ». « C'est dans la foi que les ancêtres sont morts sans avoir connu la réalisations des promesses. » Et enfin, le début de l'Evangile : « Sois sans crainte petit troupeau- » Et pourquoi, à l'approche de la fête de l'Assomption, ne ferait-on pas un clin d'oeil à la Vierge Marie en rappelant la réponse de l'Ange à sa perplexité : « Sois sans crainte, Marie-.. » ?
C'est beau, tout cela ! me direz-vous, mais c'est comme si, des motifs de crainte, il n'y en avait pas !
Bien sûr, il y en a : chez les jeunes, face à leur avenir ; chez les parents appelés à éduquer leurs enfants ; chez les grands malades, face à la mort annoncée ; dans la société tout près de nous et au loin : face aux défis de la technique et de la numérisation ; dans l'Église en plein phase de questionnement, et de transition ; dans notre communauté, face à la fragilité dont vous êtes les témoins proches et amicaux.
En présence de tout cela, retentit la voix du Christ « Sois sans crainte, petit troupeau ! » Cette douce et pressante invitation conclut le long chapitre où Jésus invite à ne pas s'inquiéter pour notre vie. Non pas en recourant à la célèbre méthode Coué mais : « Parce que le Père sait ce dont vous avez besoin » (Luc 12,30) et encore : « Le Père a trouvé bon de vous donner le Royaume » (Luc12, 32).
Il s'agit donc de prendre ou de reprendre conscience -n'est-pas cela , la prière ?- de la présence aimante de Celui qui ne nous retire pas de nos tâches terrestres mais nous renvoie vers elles en nous disant : « Je suis avec toi, avec vous, vous n'êtes pas sans, vous êtes avec moi , je suis avec vous. »
Le psaume 32 que nous venons de chanter ne dit pas autre chose :
« Dieu veille sur ceux qui le craignent, qui mettent leur espoir en son amour, pour les délivrer de la mort les garder en vie aux jours de famine.Nous attendons notre vie du Seigneur il est pour nous un appui, un bouclier. Que ton amour, Seigneur, soit sur nous, comme notre espoir est en Toi. »
Le Christ invite son Église, chaque personne humaine, à trouver la paix auprès du Père aimant. Appuyé sur cette quiétude fondamentale, fondatrice nous pouvons rencontrer avec efficacité les besoins de nos frères humains.
Frères et soeurs, en cette Eucharistie, Jésus est notre Maître à penser, à agir, à aimer. Amen !
La nuit de la délivrance pascale avait été connue d'avance par nos Pères ; assurés des promesses auxquelles ils avaient cru, ils étaient dans la joie. Et ton peuple accueillit à la fois le salut des justes et la ruine de leurs ennemis. En même temps que tu frappais nos adversaires, tu nous appelais à la gloire. Dans le secret de leurs maisons, les fidèles descendants des justes offraient un sacrifice, et ils consacrèrent d'un commun accord cette loi divine : que les saints partageraient aussi bien le meilleur que le pire ; et déjà ils entonnaient les chants de louange des Pères.
- Parole du Seigneur.
Sg 18, 6-9
Criez de joie pour le Seigneur, hommes justes ! Hommes droits, à vous la louange ! Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu, heureuse la nation qu'il s'est choisie pour domaine !
Dieu veille sur ceux qui le craignent, qui mettent leur espoir en son amour, pour les délivrer de la mort, les garder en vie aux jours de famine.
Nous attendons notre vie du Seigneur : il est pour nous un appui, un bouclier. Que ton amour, Seigneur, soit sur nous comme notre espoir est en toi !
Ps 32 (33), 1.12, 18-19,20.22
Frères, la foi est une façon de posséder ce que l'on espère, un moyen de connaître des réalités qu'on ne voit pas. Et quand l'Écriture rend témoignage aux anciens, c'est à cause de leur foi.
Grâce à la foi, Abraham obéit à l'appel de Dieu : il partit vers un pays qu'il devait recevoir en héritage, et il partit sans savoir où il allait. Grâce à la foi, il vint séjourner en immigré dans la Terre promise, comme en terre étrangère ; il vivait sous la tente, ainsi qu'Isaac et Jacob, héritiers de la même promesse, car il attendait la ville qui aurait de vraies fondations, la ville dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l'architecte.
Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge, fut rendue capable d'être à l'origine d'une descendance parce qu'elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses. C'est pourquoi, d'un seul homme, déjà marqué par la mort, a pu naître une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, une multitude innombrable.
- Parole du Seigneur.
He 11, 1-2.8-12
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu'il arrivera et frappera à la porte. Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : c'est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir. S'il revient vers minuit ou vers trois heures du matin et qu'il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur viendrait, il n'aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts : c'est à l'heure où vous n'y penserez pas que le Fils de l'homme viendra. »
- Acclamons la Parole de Dieu.
Lc 12, 35-40