Une homélie de fr. Emmanuel Verhaegen
Le héros du jour est plutôt un zéro, quelqu'un qui ne compte pas : il n'a même pas de nom, à l'inverse de l'aveugle de Jéricho. A l'opposé de Bartimée il ne demande rien.
Dans une peinture, il sera là assis tout petit dans un coin, adossé au mur du Temple.
Le Temple et Jésus (et les apôtres) seraient en évidence- et lui serait là, tout petit, juste pour meubler la scène.
Ce sont les apôtres qui le voient et qui, à cette question se pose une question théologique : « Qui a péché ? ». Lui, n'est qu'un prétexte-
Mais Jésus le voit comme être humain et pas comme objet de philosophie ou théologie.
Jésus le voit, le rencontre- comme Jésus a vu Zachée, le Jeune homme riche, et bien d'autres.
Jésus dépasse ici le cadre d'une « simple guérison », déjà exceptionnelle en soit car il dit :
« Ni lui, ni ses parents n'ont péché.
(Il répond à la question : 1er temps)
Mais c'était pour que les oeuvres de Dieuse manifestent en lui. //
Il nous faut travailler aux oeuvres de Celui qui m'a envoyé,tant qu'il fait jour ;
la nuit vient où personne ne pourra plus y travailler. //
Aussi longtemps que je suis dans le monde,je suis la lumière du monde » (fameuse affirmation).
Il fait un enseignement théologique à ses apôtres et auditeurs (2ème temps).
Jésus est à Jérusalem, il sait son temps compté. Il veut éclairer ses contemporains d'abord, nous ensuite, sur l'amour de son Père pour nous tous, ses créatures- crées par cet amour qui déborde la Trinité.
Cette guérison, lumière extérieure pour l'aveugle, devient lumière intérieure pour les autres, pour ceux qui comprennent qui est cet homme qu'on appelle Jésus ? : Il est vraiment le Fils de Dieu.
A l'inverse, nous voyons les pharisiens s'obstiner à ne pas reconnaître la puissance de Dieu car Jésus ne respecte pas la Loi de Moïse dans le repos du sabbat.
Certes le sabbat est un jour consacré à Dieu et pas à nos affaires : c'est pour cela qu'on ne peut faire aucun travail ce jour là. Or faire de la boue, guérir quelqu'un, - c'est travailler.
L'attitude des pharisiens, qui scrutent la Loi à longueur de vie, témoigne d'une vue à bout de nez. (Notez que si c'est le nez de Cyrano de Bergerac, il serait plus long-)
Ces Docteurs de la Loi sont tellement dans leurs règlements qu'ils ne voient plus la forêt qui est derrière l'arbre-
Ils ne voient pas qu'un infirme a été guéri et que c'est formidable.
Nous attendrions avec joie la nouvelle qu'un de nos proches est guéri du corona, même si le protocole médical n'aurait pas été respecté à la lettre. Le résultat est là : réjouissons-nous.
La Lumière de l'Amour de Dieu est là : réjouissons-nous.
Les pharisiens de ce temps-là sont tellement dans leurs règlements qu'ils ne voient plus la forêt qui est derrière l'arbre-
Et nous ? Est-ce que parfois nous ne faisons pas la même chose ?
Lorsqu'une situation survient, nous l'examinons, nous discernons suivant certains critères et il peut nous arriver de nous dire que cette situation n'est pas importante car elle est en dehors de nos critères- Quitte, plus tard à constater que nous avons fait erreur.
Lorsque nous célébrons l'Eucharistie, nous discernons en ce pain et ce vin, le Corps et le Sang du Christ. Nous passons de : « L'homme qu'on appelle Jésus » à « Je crois Seigneur » : cela, grâce à la Lumière Intérieure de la Foi.
Ne nous laissons pas aveuglé par notre savoir (bien utile et parfois bien petit) mais sachons faire confiance au Christ qui sait mieux que nous-mêmes ce qui nous est profitable et nécessaire.
Un aveugle est guéri et c'est pour que les oeuvres de Dieu se manifestent en lui.
En ces jours-là, le Seigneur dit à Samuel : « Prends une corne que tu rempliras d'huile, et pars ! Je t'envoie auprès de Jessé de Bethléem, car j'ai vu parmi ses fils mon roi. » Lorsqu'ils arrivèrent et que Samuel aperçut Éliab, il se dit : « Sûrement, c'est lui le messie, lui qui recevra l'onction du Seigneur ! » Mais le Seigneur dit à Samuel : « Ne considère pas son apparence ni sa haute taille, car je l'ai écarté. Dieu ne regarde pas comme les hommes : les hommes regardent l'apparence, mais le Seigneur regarde le c?ur. » Jessé présenta ainsi à Samuel ses sept fils, et Samuel lui dit : « Le Seigneur n'a choisi aucun de ceux-là. » Alors Samuel dit à Jessé : « N'as-tu pas d'autres garçons ? » Jessé répondit : « Il reste encore le plus jeune, il est en train de garder le troupeau. » Alors Samuel dit à Jessé : « Envoie-le chercher : nous ne nous mettrons pas à table tant qu'il ne sera pas arrivé. » Jessé le fit donc venir : le garçon était roux, il avait de beaux yeux, il était beau. Le Seigneur dit alors : « Lève-toi, donne-lui l'onction : c'est lui ! » Samuel prit la corne pleine d'huile, et lui donna l'onction au milieu de ses frères. L'Esprit du Seigneur s'empara de David à partir de ce jour-là.
- Parole du Seigneur.
1 S 16, 1b.6-7.10-13a
Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. Sur des prés d'herbe fraîche, il me fait reposer.
Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre ; il me conduit par le juste chemin pour l'honneur de son nom.
Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi, ton bâton me guide et me rassure.
Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis ; tu répands le parfum sur ma tête, ma coupe est débordante.
Grâce et bonheur m'accompagnent tous les jours de ma vie ; j'habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours.
Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6
Frères, autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes lumière ; conduisez-vous comme des enfants de lumière - or la lumière a pour fruit tout ce qui est bonté, justice et vérité - et sachez reconnaître ce qui est capable de plaire au Seigneur. Ne prenez aucune part aux activités des ténèbres, elles ne produisent rien de bon ; démasquez-les plutôt. Ce que ces gens-là font en cachette, on a honte même d'en parler. Mais tout ce qui est démasqué est rendu manifeste par la lumière, et tout ce qui devient manifeste est lumière. C'est pourquoi l'on dit : Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d'entre les morts, et le Christ t'illuminera.
- Parole du Seigneur.
Ep 5, 8-14
En ce temps-là, en sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme aveugle de naissance. Il cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue ; puis il appliqua la boue sur les yeux de l'aveugle, et lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » - ce nom se traduit : Envoyé. L'aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait.
Ses voisins, et ceux qui l'avaient observé auparavant - car il était mendiant - dirent alors : « N'est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? » Les uns disaient : « C'est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c'est quelqu'un qui lui ressemble. » Mais lui disait : « C'est bien moi. » On l'amène aux pharisiens, lui, l'ancien aveugle. Or, c'était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux. À leur tour, les pharisiens lui demandaient comment il pouvait voir. Il leur répondit : « Il m'a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et je vois. » Parmi les pharisiens, certains disaient : « Cet homme-là n'est pas de Dieu, puisqu'il n'observe pas le repos du sabbat. » D'autres disaient : « Comment un homme pécheur peut-il accomplir des signes pareils ? » Ainsi donc ils étaient divisés. Alors ils s'adressent de nouveau à l'aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu'il t'a ouvert les yeux ? » Il dit : « C'est un prophète. » Ils répliquèrent : « Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors.
Jésus apprit qu'ils l'avaient jeté dehors. Il le retrouva et lui dit : « Crois-tu au Fils de l'homme ? » Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus lui dit : « Tu le vois, et c'est lui qui te parle. » Il dit : « Je crois, Seigneur ! » Et il se prosterna devant lui.
- Acclamons la Parole de Dieu.
Jn 9, 1.6-9.13-17.34-38