Une homélie de fr. Grégoire Maertens
Il me semble qu'il y a ici un enseignement dans le prolongement de la Pentecôte : une promesse pour des gens fatigués : fatigués d'attendre la fin d'une période difficile, de ployer sous le fardeau de décisions compliquées, de peiner sous le poids de responsabilités de tous genres et d'un avenir financier incertain.
Fatigués peut-être de nous-mêmes, d'avoir à choisir entre le meilleur de nous-mêmes et le moins bon, d'osciller entre la médiocrité pharisienne et la piété authentique.
Et voilà que survient Quelqu'un : il ne monte pas sur ses grands chevaux, il ne prend pas les grands airs de celui qui sait tout : le prophète Zacharie l'envisage de loin comme celui qui viendra monté sur un âne, le petit d'une ânesse, pour nous interpeller: « Fatigués ? Vous avez dit : fatigués ? »
Eh bien moi, je vous apporte, non pas un cadeau, non pas le gros lot, mais le repos, et la seule leçon que je veux vous faire c'est de vous dire que je suis « doux et humble de coeur ».
Les kilos de littérature à propos de Dieu semblent fondre comme neige au soleil devant cette petite phrase : « Je suis doux et humble de coeur » et « vous trouverez le repos ». Voilà les propos du Maître : il nous ouvre son école, en précisant qu'elle n'est pas ouverte aux sages et aux savants qui restent confinés dans leurs certitudes, mais aux tout-petits. Voilà ceux qui sont appelés à être ses disciples : il ne s'agit pas de le suivre bien sagement comme des petits moutons mais de devenir comme lui, de nous laisser imprégner, oindre de son Esprit : douceur et humilité : voila la discipline de fer de son école.
Vous trouverez le repos ! De quel repos s'agit-il ? De quel repos ai-je besoin ? De quel repos le monde ? De quel repos l'Eglise ? N'est-ce pas d'un repos durable, une paix profonde de l'âme et de l'esprit ?
Je Me donne à vous en repos, en repas, en aliment quand la douceur et la capacité d'aimer sont menacés d'usure ; repos du pardon quand nous ne sommes plus en paix avec nous-mêmes et avec les autres, repos de l'onction sainte quand le corps a dit son dernier mot.
« Tu as révélé aux petits ». Il a révélé ce paradoxal secret de douceur et d'humilité qui semblent si peu efficaces au regard des stratégies humaines empreintes bien souvent de course à la rentabilité et à la violence : ma rentabilité, dit Jésus, n'est pas de ce monde, elle est d'ordre divin je l'ai apprise de mon Père, Amour sans limites. Alors : entrerez-vous dans cette école déconcertante mais si reposante où l'on se met au soleil de Dieu pour en réchauffer le prochain ?
Le monde ne se repose pas : il est pris dans un gigantesque travail d'enfantement, de production, d'inventions merveilleuses : mais ce grand labeur ne pourrai-il pas,- comment dire ? — changer de combustible? S'alimenter de la formidable énergie de douceur émanant du Sauveur ?
« Je viens à vous, pauvre, monté sur un ânon, le petit d'une ânesse » Za. 9.
« Je mettrai en vous un esprit nouveau ! »Ez 36, 26
Seigneur, ton peuple te rend grâce de venir à lui, en cette Eucharistie !
Ainsi parle le Seigneur : « Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient à toi : il est juste et victorieux, pauvre et monté sur un âne, un ânon, le petit d'une ânesse.
Ce roi fera disparaître d'Éphraïm les chars de guerre, et de Jérusalem les chevaux de combat ; il brisera l'arc de guerre, et il proclamera la paix aux nations. Sa domination s'étendra d'une mer à l'autre, et de l'Euphrate à l'autre bout du pays. »
- Parole du Seigneur.
Za 9, 9-10
Je t'exalterai, mon Dieu, mon Roi, je bénirai ton nom toujours et à jamais ! Chaque jour je te bénirai, je louerai ton nom toujours et à jamais.
Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d'amour ; la bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses ?uvres.
Que tes ?uvres, Seigneur, te rendent grâce et que tes fidèles te bénissent ! Ils diront la gloire de ton règne, ils parleront de tes exploits.
Le Seigneur est vrai en tout ce qu'il dit, fidèle en tout ce qu'il fait. Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent, il redresse tous les accablés.
Ps 144 (145), 1-2, 8-9, 10-11, 13cd-14
Frères, vous, vous n'êtes pas sous l'emprise de la chair, mais sous celle de l'Esprit, puisque l'Esprit de Dieu habite en vous. Celui qui n'a pas l'Esprit du Christ ne lui appartient pas. Mais si l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. Ainsi donc, frères, nous avons une dette, mais elle n'est pas envers la chair pour devoir vivre selon la chair. Car si vous vivez selon la chair, vous allez mourir ; mais si, par l'Esprit, vous tuez les agissements de l'homme pécheur, vous vivrez.
- Parole du Seigneur.
Rm 8, 9.11-13
En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l'as voulu ainsi dans ta bienveillance. Tout m'a été remis par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler.
Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de c?ur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »
- Acclamons la Parole de Dieu.
Mt 11, 25-30