Homélie du 14 novembre 2021

 Il rassemblera les élus des quatre coins du monde 

33ème dimanche du Temps Ordinaire ? Année B

Une homélie de fr. Pierre de Béthune

Homélie :
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Avec ce texte nous terminons la lecture de l'évangile selon saint Marc qui nous a guidé durant toute cette année liturgique. Dimanche prochain, nous aurons un évangile selon saint Jean. Le texte d'aujourd'hui est particulièrement difficile. En fait, c'est parce qu'il est tronqué. Sa conclusion a été lue le tout premier dimanche de cette année, lors du premier dimanche de l'Avent. Mais qui s'en souvient ? Je vous le lis donc, au moins une partie : «  Jésus parlait de sa venue : « Prenez garde, veillez : car nous ne savez pas quand viendra le moment. (...) Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez !  » Tel est bien le but de cet enseignement de Jésus : nous rendre attentifs à sa venue, sa présence aujourd'hui. Gardons donc à l'esprit le but de tout cet enseignement !

Mais voyons d'abord le début du texte de ce dimanche, et sa description apocalyptique. Il nous est difficile d'entrer dans ce genre littéraire, pourtant assez répandu au temps de Jésus. Ces histoires d'«  étoiles qui se mettent à tomber du ciel  » ne nous impressionnent plus. De telles descriptions prennent cependant beaucoup de place dans les trois évangiles synoptiques. Il y a en chacun de ces évangile au moins tout une chapitre d'apocalypse. Jésus a certainement dû utiliser ce langage, pour inviter ses disciples à être bien lucides devant la situation de leur temps et y répondre. Tâchons donc de continuer aujourd'hui dans cet esprit, et commençons par voir ce qui, dans la situation de notre monde, est aussi apocalyptique : de fait : au niveau environnemental, sanitaire, dans la politique internationale, pour les 82 millions de personnes déplacées dans le monde, et parfois tout proche de nous, et le désarroi est aussi dans l'Église? Sans que le ciel nous tombe sur la tête, il y a quand-même bien de quoi être inquiets. Il faut être conscients de ces « signes des temps » et ne pas rester candidement insouciants, distraits. Jésus nous demande de répondre à ces situations, autant que nous le pouvons, là où nous sommes, par la justice et le partage. « Il sera question, pendant l'Avent, de veiller à plus de solidarité dans notre région. Il faudra y revenir. »

Et cependant, mes frères et mes soeurs, si Jésus emprunte ce langage apocalyptique, ce n'est pas pour nous « révéler » d'avance des évènements terribles, même si le mot « apocalypse » signifie, de fait, « révélation » Non ! le but de ces descriptions apocalyptiques n'est pas non plus de nous faire peur, mais, au contraire, de nous rassurer et de nous indiquer le chemin pour répondre de façon juste à ces situations quelquefois effectivement apocalyptiques.

Et pour ce faire, il a précisé comment s'y prendre. Nous avons entendu la conclusion de son discours : «  Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez !  »

Veiller, c'est d'abord garder les yeux ouverts pour voir : voir comment les nouvelles feuilles du figuier annoncent l'été qui approche, c'est-à-dire voir tous les « signes des temps » qui nous interpellent et demandent des réponses courageuses. Mais veiller, c'est aussi regarder attentivement les Écritures, comme Jésus nous y invite : «  Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas  ». Elles nous expliquent ces signes et nous aident à y répondre de la bonne façon. Oui, veiller, c'est «  fixer son regard sur ces Écritures, comme sur une lampe brillant dans un lieu obscur, jusqu'à ce que luise le jour et que l'étoile du matin se lève dans nos ceurs  »

Par ailleurs veiller c'est aussi être attentif, comme quand on reste proche pour veiller un ami malade. Nous savons qu'en tout cas le Christ est «  proche  ». Comme dit le psaume, il est «  avec nous dans nos épreuves  ». Il est même «  à notre porte  » et demande d'entrer pour nous aider là où nous sommes. À notre tour, en veillant sur nos frères et soeurs, nous répondons à son appel à la vigilance.

Enfin, veiller c'est aussi prier. Le Christ nous demande : «  Veillez et priez !  ».

Il faut rappeler ici que ce chapitre « apocalyptique » est le dernier enseignement de Jésus. Après, on entre directement dans les récits de la passion. Après plusieurs années de présence, d'enseignement, Jésus se rend compte que l'opposition contre lui est de plus en plus forte et organisée. Ils ont décidé sa perte. Sa mission est un échec. Il aurait envie que son Père intervienne, comme dans les apocalypses. Mais il préfère inviter ses frères à veiller et prier. Le chapitre que nous avons entendu débouche finalement sur le récit de Jésus au Jardin des Oliviers, où il demande à ses disciples de veiller avec lui, ne fût-ce qu'une heure. C'est là qu'aboutit finalement tout ce chapitre. Oui, mes frères et soeurs, «  le Christ est en agonie jusqu'à la fin du monde ; il ne faut pas dormir pendant ce temps-là.  »

Il pourrait appeler à la rescousse des légions d'anges, comme dans une apocalypse, mais il prie : «  Abba, Père, ... non pas ce que je veux, mais ce que tu veux  ». Il prie, et demande que nous priions avec lui, pour que sa volonté se fasse sur la terre comme au ciel, pour que son Règne arrive, le monde des Béatitudes. Et, devant tant de déviations de la religion, de son temps et du nôtre, il prie, et nous demande de prier, pour que le Nom du Père soit sanctifié. Aujourd'hui surtout, nous voyons que le nom de Dieu est de plus en plus oublié, effacé, méprisé. Il nous faut «  aider Dieu  », comme l'écrivait Etty Hillesum. Car il est sans défense, comme Jésus à Gethsémani, mais c'est à nous de veiller, pour qu'il puisse habiter le coeur des humains et vraiment les sauver de toute peur.

«  En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue, » mais c'est aussi en ce moment-ci que son appel nous est adressé, ici, car il est présent au milieu de nous pendant cette eucharistie. Demandons-lui la grâce d'y être toujours plus attentifs, éveillés.

 

En ce temps-ci, ton peuple sera délivré

En ce temps-là se lèvera Michel, le chef des anges, celui qui se tient auprès des fils de ton peuple. Car ce sera un temps de détresse comme il n'y en a jamais eu depuis que les nations existent, jusqu'à ce temps-ci. Mais en ce temps-ci, ton peuple sera délivré, tous ceux qui se trouveront inscrits dans le Livre. Beaucoup de gens qui dormaient dans la poussière de la terre s'éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte et la déchéance éternelles. Ceux qui ont l'intelligence resplendiront comme la splendeur du firmament, et ceux qui sont des maîtres de justice pour la multitude brilleront comme les étoiles pour toujours et à jamais.

- Parole du Seigneur.

Dn 12, 1-3

Seigneur, mon partage et ma coupe : de toi dépend mon sort. Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; il est à ma droite : je suis inébranlable.

Mon c?ur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en confiance : tu ne peux m'abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption.

Tu m'apprends le chemin de la vie : devant ta face, débordement de joie ! À ta droite, éternité de délices !

Ps 15 (16), 5.8, 9-10, 11

Par son unique offrande, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qu'il sanctifie

Dans l'ancienne Alliance, tout prêtre, chaque jour, se tenait debout dans le Lieu saint pour le service liturgique, et il offrait à maintes reprises les mêmes sacrifices, qui ne peuvent jamais enlever les péchés.

Jésus Christ, au contraire, après avoir offert pour les péchés un unique sacrifice, s'est assis pour toujours à la droite de Dieu. Il attend désormais que ses ennemis soient mis sous ses pieds. Par son unique offrande, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qu'il sanctifie.

Or, quand le pardon est accordé, on n'offre plus le sacrifice pour le péché.

- Parole du Seigneur.

He 10, 11-14.18

Il rassemblera les élus des quatre coins du monde

En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « En ces jours-là, après une grande détresse, le soleil s'obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l'homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, depuis l'extrémité de la terre jusqu'à l'extrémité du ciel.

Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l'été est proche. De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l'homme est proche, à votre porte. Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n'arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père. »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Mc 13, 24-32