Homélie du 26 mai 2022

 Tandis qu'il les bénissait, il était emporté au ciel 

Ascension du Seigneur -

Une homélie de fr. Benoît Standaert

Homélie :
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Bienvenue à vous tous chers amis, en cette fête de l'Ascension, le quarantième jour après Pâques. C'est l'évangéliste Luc qui nous a transmis une chronologie aussi précise, depuis l'événement pascal, le troisième jour après la mort sur la Croix. Luc est le grand théologien de l'Ascension dans le Nouveau Testament, présentant Jésus comme un autre Moïse ou un autre Élie, tous deux enlevés comme par un rapt, vers le ciel, vers la demeure éternelle de Dieu. Rappelons qu'en islam on connaît également une montée au ciel du prophète Mohammed. On partage ainsi un même langage commun entre Juifs, chrétiens et musulmans.

Luc nous permet de découvrir dans l'unique mystère pascal plusieurs facettes. Dans dix jours ce sera la Pentecôte, la fête de Pâques éclatée dans toute sa largeur. Aujourd'hui nous sommes invités à en réaliser la dimension verticale, comme on peut le voir sur la croix dans l'abside. Celui qui est monté aux cieux est aussi descendu au plus bas, dans les enfers, pour en retirer Adam et Ève. Un grand mouvement vertical traverse la fête d'aujourd'hui. Montons ensemble au plus sublime, descendons d'abord au plus humble, et commençons de fait par ce mouvement habituel où du fond du cœur nous nous confessons petits, faibles, en besoin de pardon et de paix divine. Invoquons le Christ, pour qu'il nous prenne en pitié, nous et tout notre monde.

Homélie

Bien chers amis, chaque année en ce jour on entend le même passage du livre des Actes, son ouverture. Sur le Mont des Oliviers Jésus apparaît et disparaît, cette fois pour de bon. Il part et il bénit. Il s'éloigne pour être autrement présent à nos histoires. Il s'approche de Dieu et avec Dieu, d'auprès de Dieu, il se maintient à nos côtés. Voilà le secret de sa présence à partir de ce départ vertical. La symbolique spatiale pour les anciens est perçue comme une force décuplée parce qu'on monte au plus haut. On aurait tort de la réduire à des kilomètres parcourus vers le haut. «  Dieu monte  » veut dire qu'il étend toujours plus son règne. Et pour le Christ, son ascension le place aux côtés de Dieu, comme celui qui intercède sans cesse pour nous tous. C'est là une des images fortes et communes d'à peu près tous les écrits du Nouveau Testament : Paul, Luc, Jean, Matthieu et notamment l'épître aux Hébreux, comme l'illustre bien la deuxième lecture de ce dimanche, tout voient le Christ comme notre avocat qui plaide notre cause, comme le grand prêtre qui prie sans cesse et intercède auprès de Dieu. Cette image a peut-être bien un peu perdu de sa force au fil des siècles mais l'au-delà de la mort de Jésus est avant tout ce statut fort que Dieu lui a octroyé : «  Viens, siège à ma droite, et intercède pour tous  ». La Vierge et tous les saints que nous vénérons, participent à ce ministère d'intercession, et notre prière ici sur terre prend le relais et fait de même. Un jour nous irons rejoindre le chœur immense de ceux qui veillent et prient autour du Fils, en Dieu. Mais dès maintenant il nous est donné d'exercer tous - du plus petit au plus grand - ce ministère de la prière pour obtenir la paix que le monde ne réussit pas à la force des poignets de produire durablement.

L'évangile fait précéder la première mention d'une Ascension de Jésus d'un échange en profondeur sur la destinée du Messie. Jésus explique lui-même sa destinée à partir des Ecritures en ses trois parties : la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. Il y a trois signes qui doivent s'accomplir pour que la volonté de Dieu, inscrite dans les Ecritures, s'achève pleinement. «  Le Messie doit souffrir  ». C'est le premier signe, paradoxal car assez spontanément on espère un Messie qui ne fait que gagner, crier victoire, régner. «  Il doit ressusciter le troisième jour  ». Voilà le deuxième signe et quand Jésus parle aux siens le soir du premier jour de la semaine, ce signe est également accompli, selon les Écritures.

Mais il y a un troisième signe : «  en son nom on prêchera la conversion et le pardon des péchés à toutes les nations, à commencer par Jérusalem  ». Le P. Jacques Dupont, en commentant ce passage, insistait tout particulièrement sur le fait que ce signe-là est ouvert. Il n'est pas encore accompli pleinement ! Il nous incombe, jusqu'à ce jour, de lui donner forme et contenu. Tant que la bonne nouvelle ne rejoint pas les extrémités de la terre, Jésus comme Messie n'accomplit pas entièrement les Ecritures. Nous sommes responsables de ce troisième signe, nous avec la puissance de l'Esprit que le Père nous promet.

Bien chers amis.

la fête d'aujourd'hui commence par un grand mouvement vertical. Montons, recherchons le plus sublime. Rappelons-nous les mots de l'apôtre Paul, prononcés chaque année le matin de Pâques : «  Recherchez les choses d'en haut, là où règne le Christ, car votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu  ». En réalisant cette hauteur, nous rejoignons le Christ médiateur qui intercède pour tous. Mais ensuite assumons notre responsabilité dans l'histoire : soyons, à l'image de notre pape François, de grands diffuseurs qui répandent le parfum de l'Evangile à tout homme, oui, «  à toute la création  » (Mc 16,15). Une fois le flacon de la bonne odeur du Christ ouvert, le parfum se répand irrésistiblement, et nul ne peut avec toute la force du monde réintroduire le parfum dans le flacon, cela ne marchera pas. Jamais.

Soyons à la hauteur de notre vocation à la fois sublime et humble, et rayonnons de la joie de notre foi, intercédant dès maintenant pour tout l'univers, pour les victimes d'une violence aveugle aux Etats-Unis comme pour tous ceux qui se voient agressés à l'heure même où nous célébrons, que ce soit en Ukraine ou en tant d'autres régions de notre petite planète bleue si instable aujourd'hui. Dieu monte et son règne se répand : bénédiction sur bénédiction et espoir d'une paix universelle. Amen.

 

Tandis que les Apôtres le regardaient, il s'éleva

Cher Théophile, dans mon premier livre j'ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le moment où il commença, jusqu'au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir, par l'Esprit Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu'il avait choisis. C'est à eux qu'il s'est présenté vivant après sa Passion ; il leur en a donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du royaume de Dieu.

Au cours d'un repas qu'il prenait avec eux, il leur donna l'ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d'y attendre que s'accomplisse la promesse du Père. Il déclara : « Cette promesse, vous l'avez entendue de ma bouche : alors que Jean a baptisé avec l'eau, vous, c'est dans l'Esprit Saint que vous serez baptisés d'ici peu de jours. » Ainsi réunis, les Apôtres l'interrogeaient : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » Jésus leur répondit : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. »

Après ces paroles, tandis que les Apôtres le regardaient, il s'éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s'en allait, voici que, devant eux, se tenaient deux hommes en vêtements blancs, qui leur dirent : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d'auprès de vous, viendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller vers le ciel. »

- Parole du Seigneur.

Ac 1, 1-11

Tous les peuples, battez des mains, acclamez Dieu par vos cris de joie ! Car le Seigneur est le Très-Haut, le redoutable, le grand roi sur toute la terre.

Dieu s'élève parmi les ovations, le Seigneur, aux éclats du cor. Sonnez pour notre Dieu, sonnez, sonnez pour notre roi, sonnez !

Car Dieu est le roi de la terre : que vos musiques l'annoncent ! Il règne, Dieu, sur les païens, Dieu est assis sur son trône sacré.

Ps 46 (47), 2-3, 6-7, 8-9

Le Christ est entré dans le ciel lui-même

Le Christ n'est pas entré dans un sanctuaire fait de main d'homme, figure du sanctuaire véritable ; il est entré dans le ciel même, afin de se tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu. Il n'a pas à s'offrir lui-même plusieurs fois, comme le grand prêtre qui, tous les ans, entrait dans le sanctuaire en offrant un sang qui n'était pas le sien ; car alors, le Christ aurait dû plusieurs fois souffrir la Passion depuis la fondation du monde. Mais en fait, c'est une fois pour toutes, à la fin des temps, qu'il s'est manifesté pour détruire le péché par son sacrifice. Et, comme le sort des hommes est de mourir une seule fois et puis d'être jugés, ainsi le Christ s'est-il offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude ; il apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut de ceux qui l'attendent.

Frères, c'est avec assurance que nous pouvons entrer dans le véritable sanctuaire grâce au sang de Jésus : nous avons là un chemin nouveau et vivant qu'il a inauguré en franchissant le rideau du Sanctuaire ; or, ce rideau est sa chair. Et nous avons le prêtre par excellence, celui qui est établi sur la maison de Dieu. Avançons-nous donc vers Dieu avec un c?ur sincère et dans la plénitude de la foi, le c?ur purifié de ce qui souille notre conscience, le corps lavé par une eau pure. Continuons sans fléchir d'affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis.

- Parole du Seigneur.

He 9, 24-28 ; 10, 19-23

Tandis qu'il les bénissait, il était emporté au ciel

En ce temps-là, Jésus ressuscité, apparaissant à ses disciples, leur dit : « Il est écrit que le Christ souffrirait, qu'il ressusciterait d'entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. à vous d'en être les témoins. Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus d'une puissance venue d'en haut. » Puis Jésus les emmena au dehors, jusque vers Béthanie ; et, levant les mains, il les bénit. Or, tandis qu'il les bénissait, il se sépara d'eux et il était emporté au ciel. Ils se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie. Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu.

- Acclamons la Parole de Dieu.

Lc 24, 46-53