Une homélie de fr. Benoît Standaert
Bienvenue à vous tous, chers sœurs, chers frères. C'est dimanche, c'est fête. Et à l'abbaye de Maredsous, c'est à l'instant grande fête pour le 150e anniversaire de la fondation du monastère ! Unissons-nous à leur jubilé et entrons dans cette célébration avec reconnaissance : notre propre rameau monastique doit sa vie aux fondateurs du grand arbre planté depuis Beuron, il y a un siècle et demi.
Tournons-nous vers la croix du Christ, lieu de vie et d'intercession, et invoquons-le pour nous-même et tout notre monde en appel de renouveau et de paix.
Homélie.
Bien chers amis.
La prière est un combat. C'est clair dans la première lecture. Moïse envoie Josué combattre dans la vallée à la tête des troupes contre Amaleq qui n'a qu'un but : effacer ce peuple de la terre. Mais tout combat a tout intérêt d'être chaque fois accompagné de prière. Cela aussi est clair de la page du livre de l'Exode. Dans saint Paul on a plusieurs fois cet appel : « Combattez avec moi dans la prière ».
L'endurance au combat et l'endurance dans la prière portent ensemble la garantie des fruits. Un relâchement dans le combat et un relâchement dans la prière se paient cher, pour tous. Il faut prier sans jamais se décourager. Cette persévérance est signe de foi. Une prière qui se contente de naviguer sur le pilote automatique, répétant comme une rengaine des formules mémorisées, sera-t-elle exaucée ? Si la prière est sans foi, de quoi parle-t-on ? Le cœur n'y est plus et l'attention vive au cœur de Dieu a disparu. Prions toujours la lampe du cœur allumée par la foi. Veillons de jour, veillons dans la nuit. Jésus nous rassure : Dieu vaut mieux tout de même que ce juge inique à l'égard de la pauvre veuve. « Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Est-ce qu'il les fait attendre ? Je vous déclare : sans tarder il leur fera justice ! »
Jésus est étonnant : il ose prendre des exemples scandaleux pour illustrer à plus forte raison le possible comportement de Dieu ! Ailleurs il dit : Dieu est comme cet ami dérangé en pleine nuit alors qu'il est déjà au lit avec ses enfants et refuse d'abord de donner ce que lui réclame un bon ami. Il cède finalement, quelque peu agacé par le sans gêne de cet ami importun. Et Dieu, ferait-il moins que cet ami dérangé dans la nuit ? « Demandez et vous recevrez, cherchez et vous trouverez, frappez et on vous ouvrira » ! Telle est la belle foi de Jésus, « mais trouvera-t-il de la foi sur terre lors de sa venue » ?
Chers amis, ces textes nous réveillent : appliquons-nous à retrouver la confiance de base dans notre relation à Dieu. Jésus vit une remarquable transparence avec Dieu : ce qu'il dit au fils aîné de la parabole du fils prodigue : « Mon fils, tu es toujours avec moi et tout ce qui est à moi est à toi », correspond à la lettre à ce qu'il vit lui-même avec Dieu. Poursuivons cette eucharistie dans la plus grande confiance. Intercédons largement et gardons confiance : même la guerre connaîtra une fin et tôt ou tard les ennemis devront se regarder de nouveau dans les yeux, sans haine... Le temps ouvert sollicite notre persévérance et l'éprouve mais nourrit aussi notre espérance. Grâce au temps qui s'écoule, des choses peuvent évoluer et grâce à la foi, l'horreur du pire n'aura pas infiniment le dernier mot. En tout conflit gardons la confiance que, à la longue, grâce au temps et à la prière persévérante, nous nous acheminons dans la foi vers une issue selon le dessein de Dieu qui est paix.
Recueillons-nous un moment autour de ces paroles de vie de Jésus et confessons ensuite ensemble notre foi commune, puis intercédons largement.
En ces jours-là, le peuple d'Israël marchait à travers le désert. Les Amalécites survinrent et attaquèrent Israël à Rephidim. Moïse dit alors à Josué : « Choisis des hommes, et va combattre les Amalécites. Moi, demain, je me tiendrai sur le sommet de la colline, le bâton de Dieu à la main. » Josué fit ce que Moïse avait dit : il mena le combat contre les Amalécites. Moïse, Aaron et Hour étaient montés au sommet de la colline. Quand Moïse tenait la main levée, Israël était le plus fort. Quand il la laissait retomber, Amalec était le plus fort. Mais les mains de Moïse s'alourdissaient ; on prit une pierre, on la plaça derrière lui, et il s'assit dessus. Aaron et Hour lui soutenaient les mains, l'un d'un côté, l'autre de l'autre. Ainsi les mains de Moïse restèrent fermes jusqu'au coucher du soleil. Et Josué triompha des Amalécites au fil de l'épée.
- Parole du Seigneur.
Ex 17, 8-13
Je lève les yeux vers les montagnes : d'où le secours me viendra-t-il ? Le secours me viendra du Seigneur qui a fait le ciel et la terre.
Qu'il empêche ton pied de glisser, qu'il ne dorme pas, ton gardien. Non, il ne dort pas, ne sommeille pas, le gardien d'Israël.
Le Seigneur, ton gardien, le Seigneur, ton ombrage, se tient près de toi. Le soleil, pendant le jour, ne pourra te frapper, ni la lune, durant la nuit.
Le Seigneur te gardera de tout mal, il gardera ta vie. Le Seigneur te gardera, au départ et au retour, maintenant, à jamais.
Ps 120 (121), 1-2, 3-4, 5-6, 7-8
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples une parabole sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager : « Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes. Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : ?Rends-moi justice contre mon adversaire.' Longtemps il refusa ; puis il se dit : ?Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte personne, comme cette veuve commence à m'ennuyer, je vais lui rendre justice pour qu'elle ne vienne plus sans cesse m'assommer.' » Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice ! Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? Je vous le déclare : bien vite, il leur fera justice. Cependant, le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »
- Acclamons la Parole de Dieu.
Lc 18, 1-8