Une homélie de fr. Grégoire Maertens
Au milieu de la pause estivale, la Parole de Dieu ne prend pas congé, les églises ne ferment pas, la lampe du sanctuaire reste allumée. L'esprit se repose mais le cœur veille ! Aujourd'hui, comme chaque dimanche, Dieu adresse une lettre à toutes les communautés chrétiennes répandues dans le vaste monde : aujourd'hui, voici un passage du beau livre de la Sagesse ; un psaume, qui nous ramène à l'essentiel ; quelques brèves lignes
de St Paul aux chrétiens de Rome et enfin la parabole du bon grain qui pousse en dépit de l'ivraie : bref, de quoi se mettre sous la dent.
Quel est donc, cet être mystérieux que nous nommons « Dieu » et qui nous appelle ce dimanche ? Son nom prête à beaucoup de déformations, de confusions : heureusement, l'Ecriture est là pour nous guider afin de pouvoir répondre avec justesse à ceux qui nous demandent de rendre compte de l'espérance qui est en nous.
Commençons avec la Sagesse : ce livre nous donne de Dieu une merveilleuse image : « Tu juges avec indulgence, tu nous gouvernes avec beaucoup de ménagement ». Et il ajoute, en s'adressant à nous : « Le juste doit être humain ! » On croirait entendre Paul quand il dit aux Ephésiens : « Menez une vie digne de l'appel que vous avez reçu, en toute douceur ». (Eph. 4, 2) ou encore St Jacques : « Est-il un sage parmi vous ? Qu'il fasse voir des actes empreints de douceur. » (Jc. 3, 13)
Voilà donc la réussite des grains tombé dans la bonne terre tandis que les autres n'ont rien donné.
La parabole de ce jour ne fait pas allusion au sol où le blé est semé mais à un « ennemi » qui vient « en stœmelings » mettre la bisbrouille dans l'entreprise. Que faire ?
Contrairement à toute attente, le maître de la moisson n'est pas pour la manière forte : il recommande de temporiser. C'est la manière de Dieu : nous l'avons chanté dans le psaume 85 : « Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère... ». Après l'effort déployé pour les semailles, Dieu conseille d'aller dormir : au psaume 4 il est dit : « Dans la paix je me couche et je dors, Toi seul, Seigneur, tu m'établis ne sûreté » et au psaume 126, cher à notre fr. Romain récemment décédé : « En vain tu retardes le moment de ton repos....Dieu comble son bien-aimé quand il dort. »
N'est-ce pas cette même attitude d'abandon et de confiance au milieu des épreuves de la vie chrétienne que Paul suggère quand il assure que l'Esprit-Saint vient au secours de notre faiblesse ? Quand le piteux état de nos semailles nous décourage n'oublions pas que nous ne sommes pas Dieu. Rappelons-nous plutôt qu'Il ne nous a pas laissé orphelins : « Je suis avec vous jusqu'à la fin du monde ! » Il y a de l'ivraie dans votre champ ? Il y en a eu dans le mien aussi, toute ma vie, jusqu'au champ du Golgotha : mais quelle moisson au matin de Pâques !
Mes sœurs, mes frères, au titre de son Baptême, chacun de nous est prêtre, prophète et roi : les « périphéries », dont parle le pape François, où nous sommes envoyés pour semer la parole envers et contre tout, mais avec douceur, les périphéries c'est la famille, l'école, le milieu professionnel ainsi que nos proches les plus proches sans nous oublier nous-mêmes qui sommes aussi un terrain à évangéliser jour après jour.
Se donner de la peine, oui ! Mais aussi aller dormir sans se faire du souci, comme le prêchait un célèbre rabbin :
« On ne doit pas se faire du souci :
seul et unique souci est licite pour l'homme :
celui de voir qu'il s'en fait. » AMEN !
Il n'y a pas d'autre dieu que toi, qui prenne soin de toute chose : tu montres ainsi que tes jugements ne sont pas injustes. Ta force est à l'origine de ta justice, et ta domination sur toute chose te permet d'épargner toute chose. Tu montres ta force si l'on ne croit pas à la plénitude de ta puissance, et ceux qui la bravent sciemment, tu les réprimes. Mais toi qui disposes de la force, tu juges avec indulgence, tu nous gouvernes avec beaucoup de ménagement, car tu n'as qu'à vouloir pour exercer ta puissance. Par ton exemple tu as enseigné à ton peuple que le juste doit être humain ; à tes fils tu as donné une belle espérance : après la faute tu accordes la conversion.
- Parole du Seigneur.
Sg 12, 13.16-19
Toi qui es bon et qui pardonnes, plein d'amour pour tous ceux qui t'appellent, écoute ma prière, Seigneur, entends ma voix qui te supplie.
Toutes les nations, que tu as faites, viendront se prosterner devant toi, car tu es grand et tu fais des merveilles, toi, Dieu, le seul.
Toi, Seigneur, Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, plein d'amour et de vérité ! Regarde vers moi, prends pitié de moi.
Ps 85 (86), 5-6, 9ab.10, 15-16ab
Frères, l'Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L'Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables. Et Dieu, qui scrute les c?urs, connaît les intentions de l'Esprit puisque c'est selon Dieu que l'Esprit intercède pour les fidèles.
- Parole du Seigneur.
Rm 8, 26-27
En ce temps-là, Jésus proposa aux foules une autre parabole : « Le royaume des Cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ. Or, pendant que les gens dormaient, son ennemi survint ; il sema de l'ivraie au milieu du blé et s'en alla. Quand la tige poussa et produisit l'épi, alors l'ivraie apparut aussi. Les serviteurs du maître vinrent lui dire : ?Seigneur, n'est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D'où vient donc qu'il y a de l'ivraie ?? Il leur dit : ?C'est un ennemi qui a fait cela.? Les serviteurs lui disent : ?Veux-tu donc que nous allions l'enlever ?? Il répond : ?Non, en enlevant l'ivraie, vous risquez d'arracher le blé en même temps. Laissez-les pousser ensemble jusqu'à la moisson ; et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Enlevez d'abord l'ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, ramassez-le pour le rentrer dans mon grenier.? »
- Acclamons la Parole de Dieu.
Mt 13, 24-30