Une homélie de fr. Benoît Standaert
On tira au sort, à la courte paille...
C'est qu'on n'a pas encore reçu l'Esprit saint qui donne de discerner ce qui est bon en toute circonstance... « Matthias, associé par suffrage aux onze Apôtres » !
Le Seigneur a son trône dans les cieux, sa royauté s'étend sur l'univers ! Messagers du Seigneur, vous les Douze, recomposés, invincibles porteurs de ses ordres, bénissez-le !
Bienvenue à vous tous, ici présents ou connectés à notre chapelle par l'internet, pour célébrer ce septième dimanche de Pâques.
C'est aussi aujourd'hui la fête des mères ! Que les mamans et les granis ou mamys soient toutes à l'honneur aujourd'hui ! Ayons du bonheur à manifester notre gratitude de vie pour leur don, leur tendresse, leur fidélité.
En ce septième dimanche chaque année nous écoutons un fragment de la plus longue prière de Jésus, le chapitre 17e du quatrième évangile. Jésus prie au milieu de nous, et nous prions en prenant à cœur et en nous associant à sa prière qui est continuelle. Notre baptême a fait que nous sommes un avec lui. Chaque dimanche du temps pascal nous nous laissons asperger par l'eau bénie dans la nuit pascale. Recueillons-nous un moment et chantons la nouveauté que le baptême nous a conférée depuis la Pâque du Christ.
Homélie
Chers sœurs et frères, chers amis.
Nous vivons un temps tout particulier de l'année liturgique : entre l'Ascension et la Pentecôte il y a neuf jours d'attente. On prie, on jeûne, on espère, on aspire à un renouveau qui affectera nos personnes, nos communautés, l'ensemble de l'Eglise et toutes les églises réunies, le jour de la Pentecôte. Serait-ce trop beau pour y croire ? Mais croire, n'est-ce pas chaque fois s'ouvrir au plus beau qui doit encore venir ?
L'Esprit est le grand attendu !
Il est plutôt mystérieux, il faut gratter un peu pour le repérer mais à qui a le bon sens, il loge un peu partout !
Prenez la grande page de Jean 17. La lecture du jour. Chaque année selon les trois cycles A, B et C, on nous lit un tiers de cette longue prière, la plus longue de toutes dans les quatre évangiles. Et durant la semaine qui vient on repassera par ces 26 versets, jour après jour. C'est en réalité un Notre Père johannique, avec la demande d'être gardés du Mal en plein centre !
Mais où est l'Esprit dans cette belle page ? Nulle part. Et partout !
Nulle part, car à aucun moment Jésus ne mentionne celui qu'il a appelé dans les chapitres précédents le Paraclet, le Défenseur, notre Avocat ! Le mot qui revient le plus souvent, est « le monde » !
Mais l'Esprit est aussi partout, dans chaque verbe essentiel de cette page. Prenez le temps cette semaine de relire jour après jour ces 26 versets, et faites attention aux verbes. Le sujet secret des verbes est chaque fois : l'Esprit saint.
- Père, glorifie ton fils pour que ton fils te glorifie.
Or c'est l'Esprit qui de l'intérieur habite l'acte de glorification. Jésus lui-même l'a dit un peu plus haut : « Il me glorifiera ». Toute glorification est œuvre de l'Esprit en nous !
Que tous soient un comme nous sommes un.
Quatre fois Jésus prie pour notre unification. Mais l'agent secret de cette union, c'est encore lui, l'Esprit. Il unit en Dieu le Père et le Fils et il nous unit dans une communion qui nous donne part à la vie du Père et celle du Fils.
- Dans la strophe centrale que nous avons aujourd'hui comme évangile, Jésus parle de la sanctification : je me sanctifie pour eux. Sanctifie-les, consacre-les dans la vérité. Qu'ils soient sanctifiés dans la vérité.
Cette force sanctificatrice est proprement l'Esprit à l'œuvre en chacun de nous. Jésus prie donc que l'Esprit fasse son œuvre pleinement en nous, « dans la vérité », qui est à la fois la pureté et la transparence à la lumière divine.
- En finale il est encore question d'amour : « pour que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux et moi en eux ». Il ajoute : « Tu m'as aimé avant la création du monde », comme « tu m'as glorifié avant toute chose ».
L'acte d'amour réciproque est précisément, comme la glorification, l'œuvre que l'Esprit accomplit sans cesse. Ruusbrœc avait ce regard fort et simple : Minne, disait-il, n'est jamais inactif. L'amour n'est pas oisif, vide, ledigh mais au contraire flamme et source qui se donne de façon constante, intarissablement.
Oui, chers sœurs, chers frères, relisons et méditons, intériorisons ce qui est dit de l'Esprit directement ou indirectement, en images et au-delà des comparaisons. En saint Jean il y a de nombreux passages centrés sur cette expérience de l'Esprit. Qui en a compris un les a compris tous !
- L'eau que je vous donnerai deviendra en vous source jaillissante en vie éternelle.
- Le vent - pneuma-esprit - il vient et il va, tu entends sa voix mais tu ne sais ni d'où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né d'en haut, de l'Esprit et de l'eau.
Et l'on retrouve la même base commune : celle du baptême, accomplie dans la nuit pascale.
Chers amis, « Nous parlons et nous restons pour une part à l'extérieur », disait le grand prédicateur saint Augustin. Mais il y a une communication secrète qui se déroule au plus secret de chacun d'entre nous. C'est celle-là qu'il s'agit de découvrir ou de redécouvrir, notamment en ces jours-ci qui nous acheminent à la Pentecôte.
A l'examen sur le NT le professeur me demandait : « Mais à quoi est-ce que tu sais qu'il en est ainsi ? » Oui, bien sûr, l'Esprit est invisible ! impalpable ! hors des sens ! Mais Paul n'a-t-il pas parlé du « fruit de l'Esprit » ? Le fruit de l'Esprit a neuf noms chez saint Paul : amour, joie, paix, patience, générosité, bonté, fidélité, douceur, maîtrise de soi. Un fruit, et neuf noms !
Soyons tous un peu fous de cet Esprit saint et notre monde s'en ressentira en bien meilleure forme, osons le croire ! « Il faut que le monde change mais la prémisse de ce changement, c'est que je commence par moi-même », disait Karl Jaspers. Ne tardons pas à commencer par le commencement, ici et dès maintenant.
Dans l'hebdomadaire Dimanche - que vous connaissez tous ! - le diacre Jacques Delcourt termine son commentaire du jour « L'union fait la force » avec ces mots :
« En ce mois de mai, portons notre regard et notre cœur vers Marie, la maman par excellence. Inspirons-nous de sa tendresse pour son Fils et pour nous, de son abnégation confiante et de son Fiat. Prions-la en abondance pour que nos cœurs de pierre se changent en cœurs de chair. Et finalement, en ce jour, rendons grâce pour notre maman qui bien souvent a aussi prié pour que nous, les enfants, restions unis. Amen.
En ces jours-là, Pierre se leva au milieu des frères qui étaient réunis au nombre d'environ cent vingt personnes, et il déclara : « Frères, il fallait que l'Écriture s'accomplisse. En effet, par la bouche de David, l'Esprit Saint avait d'avance parlé de Judas, qui en est venu à servir de guide aux gens qui ont arrêté Jésus : ce Judas était l'un de nous et avait reçu sa part de notre ministère. Il est écrit au livre des Psaumes : Qu'un autre prenne sa charge. Or, il y a des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous, depuis le commencement, lors du baptême donné par Jean, jusqu'au jour où il fut enlevé d'auprès de nous. Il faut donc que l'un d'entre eux devienne, avec nous, témoin de sa résurrection. » On en présenta deux : Joseph appelé Barsabbas, puis surnommé Justus, et Matthias. Ensuite, on fit cette prière : « Toi, Seigneur, qui connais tous les c?urs, désigne lequel des deux tu as choisi pour qu'il prenne, dans le ministère apostolique, la place que Judas a désertée en allant à la place qui est désormais la sienne. » On tira au sort entre eux, et le sort tomba sur Matthias, qui fut donc associé par suffrage aux onze Apôtres.
- Parole du Seigneur.
Ac 1, 15-17.20a.20c-26
Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis son nom très saint, tout mon être ! Bénis le Seigneur, ô mon âme, n'oublie aucun de ses bienfaits !
Comme le ciel domine la terre, fort est son amour pour qui le craint ; aussi loin qu'est l'orient de l'occident, il met loin de nous nos péchés.
Le Seigneur a son trône dans les cieux : sa royauté s'étend sur l'univers. Messagers du Seigneur, bénissez-le, invincibles porteurs de ses ordres !
102 (103), 1-2, 11-12, 19-20ab
Bien-aimés, puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. Dieu, personne ne l'a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et, en nous, son amour atteint la perfection. Voici comment nous reconnaissons que nous demeurons en lui et lui en nous : il nous a donné part à son Esprit. Quant à nous, nous avons vu et nous attestons que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde.
Celui qui proclame que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu. Et nous, nous avons reconnu l'amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. Dieu est amour : qui demeure dans l'amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui.
- Parole du Seigneur.
1 Jn 4, 11-16
En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m'as donné, pour qu'ils soient un, comme nous-mêmes. Quand j'étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m'as donné. J'ai veillé sur eux, et aucun ne s'est perdu, sauf celui qui s'en va à sa perte de sorte que l'Écriture soit accomplie. Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, dans le monde, pour qu'ils aient en eux ma joie, et qu'ils en soient comblés. Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu'ils n'appartiennent pas au monde, de même que moi je n'appartiens pas au monde. Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. Ils n'appartiennent pas au monde, de même que moi, je n'appartiens pas au monde.
Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m'as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu'ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. »
- Acclamons la Parole de Dieu.
Jn 17, 11b-19