Homélie du 11 août 2024

 Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel 

19ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine III du Psautier) - Année B

Une homélie de fr. Grégoire Maertens

Homélie :
avancez jusqu'à  29' 45' 00"

J'ai envie de commencer très bas et non par de grandes affirmations comme quoi tout ce que nous faisons ici serait essentiel, magnifique, aisément compréhensible et acceptable, que la participation à l'Eucharistie referait constamment nos forces dans notre marche vers Dieu.


Je souhaiterais plutôt commencer en disant avec Elie : «  Ca suffit maintenant, Seigneur, c'en est trop, je ne vaux pas mieux que mes pères  » !


Je me reconnais assez bien dans ces juifs qui récriminaient contre Jésus - ce que le Maître disait avait quand même de quoi surprendre !- J'avoue ne pas toujours avaler facilement les propos de personnes qui affirment des énormités voire des nouveautés avec un aplomb étonnant.


Pour qui se prend-il, ce Jésus que nous connaissons depuis sa plus tendre enfance ?


Cependant, ici, un petit doute s'insinue dans mon esprit : comment vais-je faire, moi qui aime l'Evangile, pour entrer, sans murmurer, dans ce langage nouveau venu bouleverser mes idées bien établies ?


Et puis il y a mon ami St Paul qui, délicatement, invite instamment ses correspondants : «  N'attristez pas le Saint-Esprit de Dieu !  » Cela a-t-il déjà traversé mon esprit que je pouvais causer de la tristesse à l'Esprit de Dieu ?


Oui, je réalise soudain que le Saint-Esprit est une personne au même titre, si l'on peut dire,
 que mon père, ma mère, ma sœur, mon frère, mon ami, l'inconnu, l'étranger croisé en chemin, 
et que tout geste de ma part peut l'affecter, voire le contrister.


Mais alors, c'est à désespérer ! Prends ma vie, Seigneur, je ne vaux pas mieux que mes pères ! Comment moi, pauvre mortel, pourrais-je être cause de joie pour Toi, mon Créateur et mon Dieu ?


Ici une brèche s'ouvre : c'est d'abord Jésus qui parle : «  Ne récriminez pas entre vous...  ». 


Et puis Saint Benoît. Excusez-moi de m'écarter un peu du texte de l'évangile, mais force est de constater qu'il recommande jusqu'à treize fois dans sa Règle de ne pas murmurer, de ne pas récriminer. 


Enfin après Jésus, après Benoit, voici de nouveau St Paul : «  Imitez Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés.  » Ses enfants bien-aimés ! Nous avons donc du prix aux yeux du Père, nous lui sommes chers. Combien de fois n'employons-nous pas ce mot dans notre vie quotidienne : cher ami ! Chère fille ! 
Cher fils ! Chers parents !(en néerlandais on parlera de « cher  trésor !  », «  schat  » !) Mais cependant, combien souvent le prochain ou «  les autres  » ne nous apparaissent-ils pas, non comme de chers trésors mais comme des obstacles, des ennuis à surmonter quotidiennement !


A part la parole « Celui-ci est mon Fils bien-aimé  » entendu par Pierre, Jacques et Jean à la Transfiguration, le Père ne parle que par son Fils, parole qui, d'abord écrasée comme un grain sous la meule deviendra pain de vie, nourriture à recueillir avec foi et amour. «  Si quelqu'un en mange, il vivra éternellement  ». Ca ne veut pas dire qu'il vivra longtemps ou deviendra très vieux mais qu'il deviendra de jour en jour davantage enfant du Père, et grâce à Dieu, nourriture bienfaisante pour ses frères et sœurs de ce monde.


Frères et Sœurs, Jésus a payé le prix fort pour imprimer dans le cœur des hommes la Bonne Nouvelle d'un Dieu qui dépasse toute imagination. Ce n'est pas en faisant de beaux discours sur la souplesse de sa perche que Duplantis a réalisé un exploit extraordinaire. Ce n'est pas en discourant sur l'amour de Dieu que nous atteindrons le but de la vie chrétienne mais en nous entraînant jour après jour à agir ... 
Il agit, à être comme Il est, et comme le prophète Elie, nourrissons-nous de notre super-entraîneur, le chef de notre foi, Celui dont St Benoît nous dit que sa voix est «  douce  ». AMEN !


 

Fortifié par cette nourriture, il marcha jusqu'à la montagne de Dieu

En ces jours-là, le prophète Élie, fuyant l'hostilité de la reine Jézabel, marcha toute une journée dans le désert. Il vint s'asseoir à l'ombre d'un buisson, et demanda la mort en disant : « Maintenant, Seigneur, c'en est trop ! Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères. » Puis il s'étendit sous le buisson, et s'endormit. Mais voici qu'un ange le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange ! » Il regarda, et il y avait près de sa tête une galette cuite sur des pierres brûlantes et une cruche d'eau. Il mangea, il but, et se rendormit. Une seconde fois, l'ange du Seigneur le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange, car il est long, le chemin qui te reste. » Élie se leva, mangea et but. Puis, fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu'à l'Horeb, la montagne de Dieu.

- Parole du Seigneur.

1 R 19, 4-8

Je bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sans cesse à mes lèvres. Je me glorifierai dans le Seigneur : que les pauvres m'entendent et soient en fête !

Magnifiez avec moi le Seigneur, exaltons tous ensemble son nom. Je cherche le Seigneur, il me répond : de toutes mes frayeurs, il me délivre.

Qui regarde vers lui resplendira, sans ombre ni trouble au visage. Un pauvre crie ; le Seigneur entend : il le sauve de toutes ses angoisses.

L'ange du Seigneur campe alentour, pour libérer ceux qui le craignent. Goûtez et voyez : le Seigneur est bon ! Heureux qui trouve en lui son refuge !

Ps 33 (34), 2-3, 4-5, 6-7, 8-9

Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel

En ce temps-là, les Juifs récriminaient contre Jésus parce qu'il avait déclaré : « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel. » Ils disaient : « Celui-là n'est-il pas Jésus, fils de Joseph ? Nous connaissons bien son père et sa mère. Alors comment peut-il dire maintenant : ?Je suis descendu du ciel' ? » Jésus reprit la parole : « Ne récriminez pas entre vous. Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m'a envoyé ne l'attire, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous instruits par Dieu lui-même. Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi. Certes, personne n'a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père. Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, celui qui croit. Moi, je suis le pain de la vie. Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c'est ma chair, donnée pour la vie du monde. »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Jn 6, 41-51