Homélie du 18 août 2024

Bienvenue à vous tous, chers amis, vous ici présents dans la chapelle de Clerlande et vous qui grâce à internet nous suivez à quelque distance.

Préparons nos cœurs à entendre une parole forte qui invite à la fête. «  Voici que je me tiens à la porte, dit le Seigneur, et je frappe : à qui ouvre, j'entrerai, je viendrai à sa table, lui avec moi, moi avec lui ! Quel bonheur ! Ouvrons donc la porte, et invoquons le Seigneur : qu'il vienne avec ses paroles de vie éternelle ! Kyrie eleison.

Homélie

Chers amis.

La Sagesse crie, elle offre un banquet, tous sont bienvenus : il y a du pain, du vin, et des chemins de l'intelligence. Offerte fracassante ! elle s'adresse à tous, à vous, les étourdis, les sans intelligence, pour venir manger à sa table, car tout est prêt, en abondance ! Devenez sages en mangeant à ma table !

Étonnons-nous : au cœur des Ecritures il y a une voix qui crie de telles choses ! La liturgie prend plaisir à citer ces paroles généreuses. Voilà pour le moins une belle surprise ! Laissons-nous surprendre.

Le psalmiste reprends la balle et la rejoue : Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur ! Venez ! je vous enseigne... la crainte du Seigneur, une voie vers la sagesse. Qui donc aime la vie, qui désire voir des jours heureux ? Qu'il cherche la paix, la poursuive, sans démordre, sans relâche !

Ainsi le psalmiste, au nom de Dieu ! Il a conquis le cœur de saint Benoît, car dans le Prologue de sa Règle celui-ci n'a pas trouvé mieux que de citer tout ce paragraphe du même psaume : Venez, écoutez-moi ! la crainte du Seigneur, je vous l'enseigne ! Qui veut voir des jours heureux ? Mettez-vous à mon école, dit-il à son tour !

La Lettre aux Éphésiens, dans la deuxième lecture, s'adresse à des païens qui savent ce que c'est que de faire bombance, d'être plus d'une fois ivres de vin doux, certains dès le matin ! l'apôtre invite à un réajustement de leurs goûts, à réinventer leur art de vivre, maintenant qu'ils sont en Christ et remplis d'Esprit saint - et cela se traduit par une vie de louange, d'action de grâces, de psaumes et des hymnes : En tout temps et pour toutes choses rendez grâce à Dieu au nom de Jésus Christ !

Les trois textes de Proverbes, du psalmiste et d'Ephésiens, nous préparent à écouter l'évangile johannique.

Jésus aussi a une table, présente à boire et à manger et offre une hospitalité royale.

Il parle avec des accents généreux qui rappellent la manière de parler de la Sagesse en personne. Venez, mangez, buvez, j'ai de quoi vous nourrir, de désaltérer votre soif, de satisfaire vos besoins. J'offre ce qui donne accès à la vie éternelle.

À l'offertoire quand on présente les dons, on demande précisément que ce pain devienne pain de vie éternelle, et ce vin, fruit de la vigne et du travail des hommes, devienne «  vin du Royaume éternel  ».

Ce qui vibre derrière tous ces textes c'est qu'il y a dans la vie des relations à des moments-source qui communiquent une vie qui déclenche un accès à de l'éternel, à du très bon qu'on ne peut plus perdre, car «  l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source de vie inaltérable  ».

L'initiation chrétienne promet cela.

L'initiation monastique également.

Chaque matin : la porte de la lumière sensée, de la sagesse vécue s'ouvre grâce à la Parole qui retentit à l'oreille du cœur.

L'aurore ouvre à un jour nouveau qui transmet une lumière, figure de La Lumière. Arrivons-nous à transposer le plus simple à cette profondeur dont on ne voit pas la limite ?

«  Il n'y a de bonheur pour l'homme sous le soleil que de manger, de boire, de se faire du bien au milieu de tout ce qui est pénible, laborieux, fardeau dans l'existence humaine  ». Voilà la voix d'un autre sage biblique, Qohèleth, qui a analysé un peu tout, pour aboutir finalement à un bonheur très humble : manger, boire, se donner du bon temps en compagnie...

Dans les humbles espèces prises dans un esprit de foi et de gratitude à l'égard d'une main invisible, il y a une clef inaliénable de bonheur.

Nous sommes venus ici pour nous laisser surprendre par une voix qui invite à la fête.

Accueillons ces cris d'invitation généreuse de la part de Dieu, de sa Sagesse, de ses apôtres, de son envoyé filial Jésus. Et ensuite, comme mère de famille, comme époux ou grand-père, comme frère moine, comme personne veuve, même isolée dans quelque appartement : offrons avec joie la table ouverte... et devenons louange et action de grâces, en toute circonstance, de tout temps en tout lieu. C'est du moins ce que la Parole de Dieu de ce dimanche semble bien vouloir nous communiquer, oui nous inculquer. Redécouvrons le bonheur des choses les plus humbles comme un langage où la main du grand Donateur cherche à nous rejoindre, dans la joie. Vivons de l'Esprit, intercédons pour le monde entier, et poursuivons notre action de grâces, en nous souvenant de celui qui au milieu de nous se donne tout entier, vie divine qui devient en nous vie éternelle, dès maintenant. AMEN.