Homélie du 22 septembre 2024

 Le Fils de l'homme est livré…Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le serviteur de tous 

25ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine I du Psautier) - Année B

Une homélie de fr. Grégoire Maertens

Homélie :
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Les paroles de ce dimanche me paraissent rudes, ne laissant pas d'échappatoire : un appel pressant pour aujourd'hui! Nous venons ici, je suppose, dans l'attente de quelque chose, pour « demander ». Mais, nous dit l'Apôtre Jacques, demandons-nous bien ? Sommes-nous à la hauteur des souhaits de Dieu à notre égard ?

Les paroles de Jésus sont heurtantes ! Pour les Apôtres, en premier lieu, elles ont un goût de Semaine sainte : Il prévoit le pire : l'arrestation, la croix, la mort, Lui qui est la bonté même, image sans égale d'un Père dont nous n'avons pas idée, parce que l'idée de ce Père a été si déformée! Que se passe-t-il ? Alors que le Maître leur annonce un avenir on ne peut plus sombre, les disciples, durs de comprenure, tiennent des propos à courte vue, du style : dans un gouvernement qui tarde à se mettre en place, qui sera le premier ?

Devinant le contenu de leurs propos, et au lieu de les sermonner, Jésus les invite non à briguer les premiers postes, mais à servir, à servir ceux que le monde considère souvent comme « non-importants » mais qui - et c'est le cœur de l'Evangile - sont comme les tabernacles de la présence du Seigneur, mais, plus fort encore, de la sagesse qui vient d'En-haut, c'est-à-dire, du Père.

Se mettre au service de tous, à commencer par les plus petits, ou les plus « dérangeants », oui, mais ce mois-ci en particulier, au service ou au respect de la création, en l'admirant, en la soignant, en l'aimant et en laissant de côté cette sotte ambition de nous croire supérieurs.

Sotte ambition, en effet, car j'aimerais bien être le premier, le plus malin, celui qui a réponse à tout, qui ne rate jamais rien, qui résout les problèmes de société à partir de son journal, bref, le parfait « welweter » comme on dit en flamand. Posture fatigante, contraire à notre profession chrétienne et monastique qui nous rappelle, que c'est par grâce que nous vivons, comme le dit St Paul en des termes clairs et nets : « Qu'as-tu que tu n'aies reçu, et si tu l'as reçu, pourquoi t'enorgueillir comme si tu ne l'avais pas reçu ? »

Frères et Sœurs, ne nous décourageons pas dans notre marche à la suite de Jésus : demandons : demandons bien, et peu à peu nous récolterons la sagesse qui vient d'en-haut : ces fruits délicieux dont parle

St Jacques : pureté, bienveillance, miséricorde, sincérité : tout le contraire de ce que nous redoutons et qui porte le nom de : jalousie, conflits, guerre, convoitises, destructions, meurtres.....

Je voudrais ajouter quelque chose : ce que dit Jésus, ce que recommande St Jacques, ce n'est pas

à côté de la vie, c'est dans la vie quotidienne et pour la vie : notre force vitale dépend de l'écoute de la parole de Dieu : je sens bien qu'en m'écartant de cette Parole je verse dans le conflit, la colère, la guerre : je deviens malade, languissant, manquant d'ardeur et de goût de vivre. Mais si nous recevons la Parole, que nous la prions, que nous faisons les bonnes demandes, nous mettant sous le soleil de la charité de Dieu, même si nos membres demeurent faibles, une énergie monte en nous, nous rendant capables de conversion : de colère à compréhension, de jalousie à bienveillance, de guerre à paix. Cela vient d'En-Haut mais c'est très concrètement actif dans notre chair, dans notre esprit et dans nos rapports humains quotidiens.

Pour la plupart d'entre nous, ce n'est pas en courant à Gaza, à Kiev ou au secours des sinistrés de tous pays que nous serons utiles mais, quel que soit notre âge, en fréquentant l'école du service du Seigneur, comme le dit St Benoît : que ce soit dans la famille, le milieu de travail, la communauté monastique : en faisant les courses, en conduisant la voiture, en me traitant avec humanité : la vraie vie est là.

Jésus, dans quelques instants nous t'entendrons nous dire, une fois de plus (-quelle patience tu as- !) :

« Ceci est mon Corps, livré pour vous.. » : T'imiter de tout notre cœur, dans notre quotidien, y aurait-il un autre chemin ? Apprends-nous à faire les bonnes demandes, à te poser les bonnes questions. Amen !

 

Condamnons-le à une mort infâme

Ceux qui méditent le mal se disent en eux-mêmes : « Attirons le juste dans un piège, car il nous contrarie, il s'oppose à nos entreprises, il nous reproche de désobéir à la loi de Dieu, et nous accuse d'infidélités à notre éducation. Voyons si ses paroles sont vraies, regardons comment il en sortira. Si le juste est fils de Dieu, Dieu l'assistera, et l'arrachera aux mains de ses adversaires. Soumettons-le à des outrages et à des tourments ; nous saurons ce que vaut sa douceur, nous éprouverons sa patience. Condamnons-le à une mort infâme, puisque, dit-il, quelqu'un interviendra pour lui. »

- Parole du Seigneur.

Sg 2, 12.17-20

Par ton nom, Dieu, sauve-moi, par ta puissance rends-moi justice ; Dieu, entends ma prière, écoute les paroles de ma bouche.

Des étrangers se sont levés contre moi, des puissants cherchent ma perte : ils n'ont pas souci de Dieu.

Mais voici que Dieu vient à mon aide, le Seigneur est mon appui entre tous. De grand c?ur, je t'offrirai le sacrifice, je rendrai grâce à ton nom, car il est bon !

Ps 53 (54), 3-4, 5, 6.8

Le Fils de l'homme est livré. Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier de tous

En ce temps-là, Jésus traversait la Galilée avec ses disciples, et il ne voulait pas qu'on le sache, car il enseignait ses disciples en leur disant : « Le Fils de l'homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. » Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l'interroger.

Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demanda : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » Ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. S'étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d'eux, l'embrassa, et leur dit : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c'est moi qu'il accueille. Et celui qui m'accueille, ce n'est pas moi qu'il accueille, mais Celui qui m'a envoyé. »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Mc 9, 30-37