Homélie du 20 octobre 2024

Dimanche dernier, par l'intermédiaire de Raphaël, Jésus nous a mis au pied du mur ou, 
si vous préférez, devant le trou de l'aiguille. J'en ai retenu une pensée, assez déprimante 
à première vue, à savoir : une incapacité radicale à suivre Jésus ou, en d'autres mots, à vivre en chrétien. Là où dimanche dernier il n'y avait apparemment pas de réponse, aujourd'hui,
 il y en a une.


D'abord, voici le Prophète Isaïe, affirmant que le Serviteur de Dieu se chargera de nos fautes.


Il nous arrive, dans la vie, de dire : «  Je m'en charge  ». Ici, c'est le Messie qui nous prend 
en charge : au nom de la Trinité d'amour, il prend soin de son peuple.


Le psaume 32 renchérit : «  La terre est remplie de l'amour du Seigneur : il est fidèle, il veille, 
il est un appui. » J'imagine que bien des mamans se reconnaissent dans ce témoignage qui leur rappelle le souci d'un nouveau-né, d'un enfant grandissant  ou d'un adolescent en crise.


Et puis voici l'Epître aux Hébreux. La semaine dernière, à moins de nous rendre ridicules au plan personnel comme au plan mondial, nous ne pouvions que dire, face à l'appel de Jésus : 
«  Je n'ai pas la capacité, je suis incapable » : ce n'est pas du pessimisme, du défaitisme mais du réalisme ou encore de l'humilité : sur le sable de nos réalités humaines, rien de stable ne peut s'édifier. Devons-nous en rester là et regarder sceptiques les nouvelles à la TV ?


Non ! car ici, pas question d'incapacité mais il est dit : «  Nous avons ! » mais, nous avons quoi ?

« Le grand-prêtre par excellence...  » Aïe ! Ça tombe mal : avec tout le négatif qu'on déverse sur les curés - alors que la plupart vivent leur vocation avec persévérance et fidélité -et avec le cléricalisme, qu'à juste titre on dénonce. Ici, dans cette épitre, il s'agit du Grand-prêtre par excellence, de celui qui n'est pas incapable de compatir à nos faiblesses, qui est capable, avant d'être élevé sur la croix, de monter sur un petit âne ou dans une modeste Fiat, de s'abaisser aux pieds de ses Apôtres, de saluer les personnes fragiles à St Gilles ou dans les Marolles, de se donner, enfin sous les humbles signes du pain et du vin : n'est-ce pas ce qu'Il fera pour nous dans quelques instants ? « Avançons-nous avec confiance vers le Trône de sa grâce  ».

Frères et Sœurs, avons-nous pesé à leur juste poids les mots de cette courte phrase : avancer, faire confiance, être assuré de la grâce de notre miséricordieux Seigneur. Réjouissons-nous car notre incapacité se mue en capacité grâce à celui qui nous prend par la main.

Nous voici à pied d'œuvre pour aborder l'Evangile. Une fois de plus, Jésus doit remettre les points sur les  « i  » face aux demandes déraisonnables de Jacques et de Jean dont les goûts de grandeur indignent leurs confrères apôtres.


Jésus leur donne la clef du ministère qu'ils ambitionnent : il ne s'agira pas de s'asseoir sur des trônes mais de s'agenouiller. Bref : un retournement complet de perspectives : il s'agit d'une  imitation de Jésus-Christ, lui «  qui n'a pas retenu jalousement le rang qui l'égalait à Dieu  » (Phil.2, 6) mais qui s'est humilié de manière stupéfiante.


Voilà, le chemin est là : une personne vient au secours de notre incapacité, mais quelle personne ! Une personne qui rend possible l'engagement à sa suite, c'est encore une personne qui produit en nous le vouloir et le faire et qui inspire des demandes justes, des prières en harmonie avec le projet du Créateur sur notre humanité. «  Père, que ta volonté d'amour soit faite....  »


Mes amis, aidons-nous les uns les autres à dire «  présent  » chaque fois que le Seigneur nous le demande. Mis à l'épreuve, St Paul n'hésitait pas à écrire aux Corinthiens : « De grand cœur je me glorifierai surtout de mes faiblesses afin que repose sur moi la puissance du Christ.  » (2 Co12,9) Que cette parole nous habite en cette semaine ! AMEN !