Une homélie de fr. Grégoire Maertens
Voici une invitation à rester pleinement conscient même et surtout en temps de détresse. Face aux multiples « certitudes » Jésus nous dit que » seul le Père sait » ce qu'il en est du futur. En même temps il y a plein d'incertitudes : au niveau mondial : il n'est pas besoin de faire un petit dessin : guerres, montée de mouvements contraires à l'esprit de l'évangile, menace de perdre son travail, course aux armements, spectacle affligeant des victimes innocentes des conflits : spectacle insoutenable de ce papa libanais apprenant le mort de ses six enfants dans le bombardement de sa maison, sans oublier ceux qui sont en proie aux inondations et au feu.
Je pense que nous deviendrions fous si nous ne pouvions, déposer le fardeau des violences mondiales ou domestiques chaque dimanche à l'Eucharistie ou le soir au pied du lit, mais surtout aux pieds de celui qui est la première victime et le premier Sauveur : il s'appelle Jésus : ce qui signifie « Dieu sauve » ! Que nous dit-Il ? « Mes paroles ne passeront pas ! » Prenons acte de cette affirmation au pied de la lettre,- c'est le cas de le dire! -ne nous endormons pas sur l'Evangile comme sur le journal à l'heure de la sieste, mais n'hésitons pas à y puiser l'énergie nécessaire, non pour vivre dans l'illusion que malgré tout cela va s'arranger mais que, comme le dit le ps. 15 : »
« Le Seigneur est à ma droite, je reste inébranlable
Je peux reposer en confiance
et même compter sur un débordement de joie
et une éternité de délices auprès du Seigneur. »
La force du chrétien est là : non sur un volontarisme obstiné, ni dans la foi du charbonnier qui risque de nier la dure réalité du quotidien mais dans une humble fidélité à ce Jésus qui a prononcé les crucifiantes et paradoxales, « béatitudes » et, a travers chaque démarche de sa vie, nous fait entrevoir le visage du Père.
Dans un écrit anonyme du 2ème siècle envoyé à un certain Diognète, un chrétien démontre que la manière de vivre et les conditions d'existence des chrétiens dans l'Empire Romain de son temps, ne se distinguent pas de celles de l'homme ordinaire en butte aux vicissitudes du quotidien. Si différence il y a, elle consiste en ceci :
« Les chrétiens passent leur vie sur terre mais sont citoyens du ciel. Ils s'acquittent de tous leurs devoirs de citoyens et supportent toutes les charges comme des étrangers... ils aiment tous les hommes et tous les persécutent, on les insulte : ils bénissent ; ne faisant que le bien, ils sont châtiés comme des scélérats ; châtiés, ils sont dans la joie comme s'ils naissaient à la vie ». Et il conclut : « Ce que l'âme est dans le corps, le chrétien l'est dans le monde. » Rapprochons ces lignes touchantes de simplicité et d'humilité des propos de Jésus retenus par St Luc : « Restez éveillés et priez : ainsi vous serez jugés dignes de paraître debout devant le Fils de l'Homme ».( Lc 2, 36)
Encore un mot sur la suite de l'évangile : Jésus aime parler en paraboles : « Laissez-vous instruire par le figuier : drôle de maître d'école ! C'est donc un arbre qui va faire l'homélie ? « Voyez comme j'ai l'air mort et desséché en hiver : cependant vous ne doutez pas un instant que dans quelques mois je vais renaître à la faveur du printemps. » Croire à la venue de Jésus, n'est-ce pas la même chose ? Croire à un monde qui échappe à tous les moyens de connaissance et de communications - et Dieu sait s'il y en a !- mais un monde dont on peut s'approcher par une connaissance d'un autre type, composée de confiance, de courage, de patience, car le Seigneur est proche.
Notre jardinage d'hiver sera donc un jardinage de confiance : non pas une confiance aveugle mais une foi clairvoyante en celui qui, selon l'Epître aux Hébreux, a mené à la perfection ceux qu'Il a sanctifiés. Cela voudrait-il dire que nous serons tous canonisés ? ça signifie plutôt que Jésus nous invite à le laisser agir : à nous mettre à l'école de ce merveilleux jardinier. Dans son école, il y a beaucoup de place !
AMEN !
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En ce temps-là se lèvera Michel, le chef des anges, celui qui se tient auprès des fils de ton peuple. Car ce sera un temps de détresse comme il n'y en a jamais eu depuis que les nations existent, jusqu'à ce temps-ci. Mais en ce temps-ci, ton peuple sera délivré, tous ceux qui se trouveront inscrits dans le Livre. Beaucoup de gens qui dormaient dans la poussière de la terre s'éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte et la déchéance éternelles. Ceux qui ont l'intelligence resplendiront comme la splendeur du firmament, et ceux qui sont des maîtres de justice pour la multitude brilleront comme les étoiles pour toujours et à jamais.
- Parole du Seigneur.
Dn 12, 1-3
Seigneur, mon partage et ma coupe : de toi dépend mon sort. Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; il est à ma droite : je suis inébranlable.
Mon c?ur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en confiance : tu ne peux m'abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption.
Tu m'apprends le chemin de la vie : devant ta face, débordement de joie ! À ta droite, éternité de délices !
Ps 15 (16), 5.8, 9-10, 11
Dans l'ancienne Alliance, tout prêtre, chaque jour, se tenait debout dans le Lieu saint pour le service liturgique, et il offrait à maintes reprises les mêmes sacrifices, qui ne peuvent jamais enlever les péchés.
Jésus Christ, au contraire, après avoir offert pour les péchés un unique sacrifice, s'est assis pour toujours à la droite de Dieu. Il attend désormais que ses ennemis soient mis sous ses pieds. Par son unique offrande, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qu'il sanctifie.
Or, quand le pardon est accordé, on n'offre plus le sacrifice pour le péché.
- Parole du Seigneur.
He 10, 11-14.18
En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « En ces jours-là, après une grande détresse, le soleil s'obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l'homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, depuis l'extrémité de la terre jusqu'à l'extrémité du ciel.
Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l'été est proche. De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l'homme est proche, à votre porte. Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n'arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père. »
- Acclamons la Parole de Dieu.
Mc 13, 24-32