Homélie du 8 décembre 2024

2ème dimanche de l'Avent (C) Homélie (3)

Nous pourrions transposer le début de l'évangile et dire : l'an 4 de la présidence de Jœ Biden, la douzième année du règne du Roi Philippe, Poutine étant au pouvoir en Russie et Erdogan en Turquie, l'Archevêque de Bruxelles étant Luc Terlinden, alors que la Cathédrale Notre-Dame de Paris restaurée accueille une foule bigarrée en liesse, la Parole de Dieu est adressée à nous, chrétiens du Brabant wallon. Voilà planté le cadre dans lequel nous célébrons cette Eucharistie d'Avent 2024. Voilà, en résumé, le cadre du monde tel que nous le voyons. En tant que chrétiens, qu'est ce que cela veut dire ? Prenons un peu de recul.


L'histoire du monde suit son cours : faut-il aller à contre-courant ou prêter attention à la proclamation de Jean Baptiste : «  Toute chair verra le salut de Dieu !  » ? Ce qui frappe c'est qu'il ne dit pas : « Soyez sages et gentils, moyennant quoi Dieu sera avec vous !  »


Il proclame un baptême de conversion : c'est un bonheur qu'il annonce, accompagné, si j'ose dire, d'une discipline « sportive » qui sera explicitée dimanche prochain : discipline 
de conversion : «  Partagez, soyez doux,- en sachant que cela demande de la force, -soyez justes,  » etc. Mais tout cela en vue d'un bonheur: « Toute chair verra le salut de Dieu.  »


André Gide, parlant non pas du Baptême mais de l'art, affirmait : «  L'art naît de contrainte et meurt de facilité  ». Ne pourrions-nous pas appliquer cela au Baptême de conversion proclamé par Jean ? Il ne s'agit pas de se préparer à Noël en consentant à quelques efforts volontaristes mais plutôt de se mettre au diapason de Dieu : c'est lui qui décide, comme dit Baruch : et que décide-t-il ? D'abaisser les collines, de rendre droits
les sentiers et d'aplanir les terrains. Je pense qu'il importe, à travers ces parole de l'Ecriture, d'essayer d'approcher le vrai visage de Dieu, de voir, si je peux me permettre, 
 de quel bois notre Dieu se chauffe : écoutons encore Baruch :«  Il conduira son peuple dans la joie...avec sa miséricorde et sa justice  ».


Paul va dans le même sens, invitant à progresser : pas dans n'importe quoi mais dans un amour clairvoyant, pour discerner ce qui est le plus important. Et ce « plus important  » ce sans quoi nous ne sommes rien c'est bien la charité mais, plus que cela, c'est une personne qui a un cœur. (cfr. L'Encyclique du Pape François sur le Sacré-Cœur).


Dans ce monde qui nous semble si souvent aller à la dérive, notre rôle n'est pas de mépriser le train de vie, les luttes, les souffrances de nos sœurs et frères humains,
mais plutôt d'annoncer une joyeuse possibilité de conversion, un baptême, une plongée dans ce Dieu qui nous dépasse, qui attend que je me confie à lui avec humilité en me mettant au service de son salut, de son bonheur, de sa tendresse. En revanche, à quoi bon le prier si je m'esquinte à tout vouloir faire comme si j'étais moi-même tout-puissant ?

Pour échapper à ce danger : prions ! Et, en cette période d'Avent, redécouvrons Dieu à l'écoute quand nous prions. Faut-il s'en convaincre ? Le chanoine Georges Lemaître, grand savant et père du «  Big Bang  » était un priant convaincu.


Au bout du fil il n'y a donc pas une voix anonyme qui m'assure qu'elle s'occupera de nous. Au bout du fil, au guichet de la chambre d'oraison, il y a Dieu qui nous aime à la folie !

«  Dieu conduira son peuple dans la joie  »

«  Tout être vivant verra le salut de Dieu  ».

Amen !