Une homélie de fr. Pierre de Béthune
Avec cette fête, 40 jours après Noël, nous concluons un temps tout particulier. Un temps de fêtes intimes, familiales, recueillies, mais qui débordent toujours sur « le salut préparé pour tous les peuples, lumière pour éclairer les nations ». Et nous voyons déjà à l'horizon la fête de Pâques qui célèbre précisément ce salut apporté à tous les peuples, par toute la vie, la mort et la résurrection du Seigneur Jésus.
L'évangéliste Luc a retenu cette scène, parce qu'elle exprime bien l'attitude de Jésus, encore porté dans les bras de sa mère, mais qui va au-devant de son Père, pour lui offrir toute sa vie. Quelques années plus tard, dans le même Temple, il dira à ses parents : « Ne saviez-vous pas que je me dois aux affaires de mon Père ? ». Cette même attitude traverse toute son existence. Et à l'offrande des 'prémices' de sa vie correspond le don ultime, quand, sur la croix, il remettra son esprit à son Père.
Pour illustrer cette démarche de l'enfant Jésus, il y a ici Syméon et Anne, deux personnes âgées, à l'autre extrême de la vie. Ils ont tout donné, comme cette autre veuve du Temple, dont Luc parlera plus tard sans son évangile, celle qui avait tout donné « depuis son indigence ». Ainsi, elles sont mystérieusement accordées avec ce petit enfant dans la foule, et elles ont été capables de discerner en lui « le Christ du Seigneur ». La petite enfance et l'extrême vieillesse ont en commun non seulement une grande faiblesse, mais aussi l'attente d'un dépassement. C'est pourquoi Syméon peut voir :
« Le salut pour tous les peuples.
la lumière pour la révélation aux nations. »
C'est cette allusion à la lumière qui a donné à cette fête de la Présentation de Jésus au Temple le nom de 'Chandeleur'.
La Présentation de Jésus au Temple est aussi une fête que les religieux et religieuses aiment célébrer, en se souvenant de leur propre offrande totale, de leur 'consécration' religieuse, quand ils sont entrés au monastère. Mais ils n'en ont pas le monopole. Cette 'consécration' n'est pas une mise à part, comme on l'a prétendu à certain moment. Tout chrétien est appelé à se consacrer au Seigneur sans retour, même si ce don de soi n'est pas reconnu officiellement, dans l'Église, comme c'est le cas pour les religieux, les 'personnes consacrées'. Peu importe. L'important est la qualité de ce don de soi auquel nous sommes tous appelés.
Parce qu'alors, en accueillant « dans la simplicité de notre cœur » ce que la vie nous donne, nous pouvons faire de toute notre vie une offrande, une prière. Et, ainsi 'consacrée', notre vie devient tout entière lumineuse, rayonnante. Il s'agit, pour cela, de nous désencombrer des préoccupations personnelles qui ne sont pas essentielles, et qui offusquent et étouffent notre lumière intérieure. Il y a des préoccupations importantes et tout à fait respectables, mais nous savons qu'il y a aussi beaucoup de retours sur nous-mêmes qui nous encombrent inutilement. En nous libérant de ce qui nous enferme ainsi, nous voyons s'élargir merveilleusement les perspectives de notre vie.
En célébrant l'eucharistie, c'est cela que nous vivons. Nous rejoignons depuis cette chapelle ceux qui, de tous temps, montent au temple, comme les pèlerins qui « attendent » le Christ, la vraie consolation. Mais nous rejoignons aussi tous ceux qui cherchent aujourd'hui la lumière et un amour véritable, à travers bien des difficultés et contradictions, tous les artisans de paix. Et la prière que nous prononçons alors, « dans la simplicité de notre cœur » est une offrande de nous-mêmes, en communion au sacrifice du Christ. C'est lui qui nous précède en nous offrant toute sa vie, son corps partagé, et la coupe de l'Alliance nouvelle et éternelle, toujours « donnée pour la multitude ».
Ainsi parle le Seigneur Dieu : Voici que j'envoie mon messager pour qu'il prépare le chemin devant moi ; et soudain viendra dans son Temple le Seigneur que vous cherchez. Le messager de l'Alliance que vous désirez, le voici qui vient - dit le Seigneur de l'univers. Qui pourra soutenir le jour de sa venue ? Qui pourra rester debout lorsqu'il se montrera ? Car il est pareil au feu du fondeur, pareil à la lessive des blanchisseurs. Il s'installera pour fondre et purifier : il purifiera les fils de Lévi, il les affinera comme l'or et l'argent ; ainsi pourront-ils, aux yeux du Seigneur, présenter l'offrande en toute justice. Alors, l'offrande de Juda et de Jérusalem sera bien accueillie du Seigneur, comme il en fut aux jours anciens, dans les années d'autrefois.
- Parole du Seigneur.
OU BIEN
Ml 3, 1-4
Portes, levez vos frontons ! élevez-vous, portes éternelles : qu'il entre, le roi de gloire !
Qui est ce roi de gloire ? C'est le Seigneur, le fort, le vaillant, le Seigneur, le vaillant des combats.
Portes, levez vos frontons ! levez-les, portes éternelles : qu'il entre, le roi de gloire !
Qui donc est ce roi de gloire ? C'est le Seigneur, Dieu de l'univers ; c'est lui, le roi de gloire.
Ps 23 (24), 7, 8, 9, 10
Puisque les enfants des hommes ont en commun le sang et la chair, Jésus a partagé, lui aussi, pareille condition : ainsi, par sa mort, il a pu réduire à l'impuissance celui qui possédait le pouvoir de la mort, c'est-à-dire le diable, et il a rendu libres tous ceux qui, par crainte de la mort, passaient toute leur vie dans une situation d'esclaves. Car ceux qu'il prend en charge, ce ne sont pas les anges, c'est la descendance d'Abraham. Il lui fallait donc se rendre en tout semblable à ses frères, pour devenir un grand prêtre miséricordieux et digne de foi pour les relations avec Dieu, afin d'enlever les péchés du peuple. Et parce qu'il a souffert jusqu'au bout l'épreuve de sa Passion, il est capable de porter secours à ceux qui subissent une épreuve.
- Parole du Seigneur.
He 2, 14-18
Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l'amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur. Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes.
Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C'était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d'Israël, et l'Esprit Saint était sur lui. Il avait reçu de l'Esprit Saint l'annonce qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur. Sous l'action de l'Esprit, Syméon vint au Temple. Au moment où les parents présentaient l'enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait, Syméon reçut l'enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s'en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »
- Acclamons la Parole de Dieu.
Lc 2, 22-32