Une homélie de fr. Yves de patoul
A la différence des 2 premières lectures sur lesquelles je reviendrai, l'évangile de ce 3e dimanche de l'Avent n'est pas très folichon, très passionnant, excitant. Il ne contient aucune parole de Jésus lui-même, mais bien quelques phrases de celui qui le précède et qui l'annonce comme le Messie attendu de tous. Nous parlons de Jean, le dernier des prophètes avant Jésus Christ qui accomplira toutes les prophéties anciennes. De plus, son langage n'est pas aussi savoureux, poétique, que celui de ses prédécesseurs que nous lisons pendant ce temps liturgique : Isaïe, Baruck et Sophonie principalement. On pourrait dire que Jean le Baptiste ne prophétise guère que par son agir : lui il baptise d'un baptême d'eau ceux qui étaient venus le voir dans le désert ; c'était un baptême de conversion, tandis que Jésus baptisera d'un baptême de feu et d'Esprit Saint (allusion à la croix qui est le grand passage des ténèbres à la lumière). Son discours (ce qu'il a à nous dire) est basique : à ceux qui lui demandent ce qu'ils doivent faire, il répond qu'ils doivent pratiquer la charité, le partage équitable, et qu'ils restent honnêtes et non-violents, compte tenu de ce qu'ils sont dans la société : des gens ordinaires, des percepteurs d'impôt ou des soldats.
Toute la spiritualité du Baptiste, et elle n'est pas négligeable, se résume en réalité à tourner ses auditeurs vers le Christ en leur disant : moi, je ne suis qu'un humble précurseur, mais tournez-vous vers lui, le Christ, non pas vers moi qui ne suis même pas digne de dénouer ses sandales. Tout son apostolat consiste pour ainsi dire à montrer le chemin, à orienter ceux qui s'adressent à lui vers la personne du Christ. C'est dans ce sens que les moines s'inspirent volontiers de Jean le Baptiste en privilégiant comme lui le désert comme lieu de recueillement. Une question se pose d'ailleurs aux historiens : Jean Baptiste n'aurait-il pas été adepte des esséniens ? - j'ai posé la question à Gemini (mon IA) et il m'a répondu qu'il y avait effectivement plusieurs ressemblances -. Tout missionnaire qui œuvre dans des aires géographiques qui sont des déserts spirituels ou qui le sont devenus par la déchristianisation, il fait de même. Les uns et les autres aident la foule des gens avides de sens et de salut à se tourner vers le Christ sans jamais donner l'impression qu'ils le possèdent, qu'ils le connaissent parfaitement, ou, ce qui serait le comble, donner l'impression qu'ils seraient eux-mêmes le messie, le sauveur, ce qui est le travers de nombreuses sectes qui pullulent en Afrique notamment.
L'apostolat des moines autant que des missionnaires consistera principalement à communiquer la joie et la paix qui découle de leur foi solidement ancrée dans leur maître et Seigneur Jésus le Christ. C'est peut-être ce qui manque au Baptiste qui est un homme rude et sévère comme l'étaient les Esséniens : « Quant à la paille, dit-il de Jésus aux foules qu'il harangue, il la brûlera au feu qui ne s'éteint pas ». Inversement, on peut dire que saint Paul a exercé pleinement cet apostolat en ne cessant jamais de s'appuyer sur son expérience de conversion qui l'a rempli de lumière, de la force de l'Esprit Saint. Ou qu'il soit, à Rome, à Damas, à Athènes, il prêcha un Christ folie pour les païens, ou sagesse pour les autres. Toujours il se nommera comme l'apôtre de son maître Jésus le Christ, en se considérant d'ailleurs comme le dernier et le plus vil des apôtres à l'instar de Jean le Baptiste. A un moment donné le missionnaire passe du prédicateur au prêtre : il baptise, il donne le sacrement de la confirmation et de la communion qui fait du baptisé un nouveau disciple ; il devient disciple à part entière qui devra être missionnaire à son tour, témoin du Christ.
Relisons le très beau passage de sa lettre aux Philippiens : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie. Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, priez, et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu qui dépasse tout ce qu'on peut concevoir, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus ». Comment peut-on mieux définir le chrétien que par ces mots pleins de grâce ?
En la prenant à rebours, la liturgie de ce jour est décidément très belle avec cette lecture tirée du prophète Sophonie : « Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Éclate en cris de joie, réjouis-toi, de tout ton cœur bondis de joie, fille de Jérusalem, ... Tu n'as plus à craindre le malheur » ; et le prophète poursuit par ces paroles qui ont quelque chose d'intrigant : « Le Seigneur ton Dieu est en toi (ou au milieu de toi), c'est lui le héros qui apporte le salut. Il aura en toi la joie et l'allégresse, il te renouvellera par son amour ; il exultera pour toi et se réjouira ». Je comprends ces mots ainsi : la joie de celui qui apporte le salut est contagieuse, elle entraîne tous ceux que le messager touche. Pensons aux petites paraboles de celles et ceux qui découvrent un trésor ou qui retrouvent une perle précieuse qu'ils avaient perdue : ils font la fête, leur joie se transmet à toute leur maisonnée. Il y a de la joie aussi pour le père qui retrouve son fils égaré ; lui aussi fait la fête.
Toues ces lectures bibliques décrivent un peu ce que devrait être le climat des fêtes de fin d'année - à la différence de la fête de Pâques -, et pour autant que la Noël est encore bien au centre de ces festivités, à savoir que la venue de celui que le peuple attendait depuis longtemps apporte la paix et la joie avec lui. Noël est plus joyeux que Pâques, plus chantant, plus convivial : on y danse, on y chante, on invite davantage les pauvres à qui l'on donne de partager la joie. C'est aussi le sens de la quête organisée par notre Eglise et à laquelle vous êtes conviés de participer : une campagne destinée à financer 70 projets dans nos régions. « Vivre Ensemble a la mission de faire du temps de l'Avent un temps de prière, de dénonciation et d'action pour une société solidaire avec les personnes en situation de pauvreté et d'exclusion en Wallonie et à Bruxelles. La campagne 2024 attire l'attention sur le lien entre précarité et santé mentale. Choisissons la solidarité contre la pauvreté ».
A l'intention de ceux qui nous suivent par les ondes, voici le n° de compte de
Action Vivre ensemble : BE91 7327 7777 7676
Communication : 7220
Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Éclate en ovations, Israël ! Réjouis-toi, de tout ton c?ur bondis de joie, fille de Jérusalem ! Le Seigneur a levé les sentences qui pesaient sur toi, il a écarté tes ennemis. Le roi d'Israël, le Seigneur, est en toi. Tu n'as plus à craindre le malheur.
Ce jour-là, on dira à Jérusalem : « Ne crains pas, Sion ! Ne laisse pas tes mains défaillir ! Le Seigneur ton Dieu est en toi, c'est lui, le héros qui apporte le salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il exultera pour toi et se réjouira, comme aux jours de fête. »
- Parole du Seigneur.
So 3, 14-18a
Voici le Dieu qui me sauve : j'ai confiance, je n'ai plus de crainte. Ma force et mon chant, c'est le Seigneur ; il est pour moi le salut. Exultant de joie, vous puiserez les eaux aux sources du salut.
« Rendez grâce au Seigneur, proclamez son nom, annoncez parmi les peuples ses hauts faits ! » Redites-le : « Sublime est son nom ! »
Jouez pour le Seigneur, il montre sa magnificence, et toute la terre le sait. Jubilez, criez de joie, habitants de Sion, car il est grand au milieu de toi, le Saint d'Israël !
Is 12, 2-3, 4bcde, 5-6
Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie. Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu'on peut concevoir, gardera vos c?urs et vos pensées dans le Christ Jésus.
- Parole du Seigneur.
Ph 4, 4-7
En ce temps-là, les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient : « Que devons-nous faire ? » Jean leur répondait : « Celui qui a deux vêtements, qu'il partage avec celui qui n'en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu'il fasse de même ! » Des publicains (c'est-à-dire des collecteurs d'impôts) vinrent aussi pour être baptisés ; ils lui dirent : « Maître, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « N'exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. » Des soldats lui demandèrent à leur tour : « Et nous, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « Ne faites violence à personne, n'accusez personne à tort ; et contentez-vous de votre solde. » Or le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n'était pas le Christ. Jean s'adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l'eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et le feu. Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s'éteint pas. » Par beaucoup d'autres exhortations encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.
- Acclamons la Parole de Dieu.
Lc 3, 10-18