Le troisième texte "La méditation. Témoignage et réflexions" fut rédigé à la demande de l'éditrice de la Revue Etudes, Nathalie Sarthou-Lajus. Il s'agit à la fois d'un témoignage de la pratique méditative et de quelques réflexions qui éclairent la provenance de certaines bonnes habitudes suggérées ici ou là pour méditer avec méthode.
L’article est paru une première fois dans la revue Etudes, le premier n° de 2019 puis il fut repris dans un recueil où six voix traitent du même sujet : La méditation en Occident, Études Essentiels, Paris 2019, p. 89-100.
Qu'est-ce que méditer pour moi aujourd'hui? En quoi cela consiste-t-il ? Comment s'y prendre ? Je me suis frotté à bien des traditions, mais que reste-t-il quand on a tout oublié ?
Commençons par le commencement, ou du moins par ce qui s'avère en général un bon commencement : trouver une assise solide, détendue mais alerte. Essayons d'observer les deux triangles : celui de la base, les deux genoux d'une part et les deux petits os au bas de la colonne vertébrale, qu'on sent dès qu'on fait basculer le tronc de gauche à droite. Les genoux peuvent être à même le sol, les jambes croisées en position de lotus ou de demi-lotus. Si cela s'avère trop difficile, prenons un siège et, assis, posons les deux pieds juste en dessous des genoux, qui sont, eux, légèrement écartés l'un de l'autre. Sur cette prise de position en triangle ferme, on construit un deuxième triangle, celui qui part du haut du crâne trouve sa base à hauteur des hanches. Il s'agit de ne jamais briser ce triangle-là en se penchant en avant ou en s'appuyant avec le dos vers l'arrière, ou encore en baissant quelque peu la tête. Les deux épaules doivent comme être coupées par ce triangle. Dans ces épaules vient se loger le « petit moi » qui au cours de la méditation n'a de préférence aucun rôle à jouer. Tant d'icônes et de statues moyenâgeuses occidentales nous présentent des saints bien centrés dans la zone abdominale et le bassin, alors que leurs épaules sont comme inexistantes. Les mains peuvent être posées sur les cuisses ou se saisir l'une l'autre contre l'abdomen. La position des deux mains l'une dans l'autre, la paume gauche dans la droite, avec les pouces qui se touchent, est ce qu'il y a de meilleur mais pour qui débute, cela peut être encore un rien trop difficile. Alors, qu'on se contente de saisir avec la main gauche le pouce de la droite.
Acquérir cette position en veillant par-dessus tout que la colonne vertébrale soit souplement droite, et le sommet du crâne comme « suspendu au plafond », selon l'expression d'un maître oriental, est un premier pas. Il s'agira de se maintenir ainsi, aimablement immobile. Cela coïncide le mieux avec le silence extérieur, qui prépare au silence intérieur. Toute pose d'immobilité, même au milieu d'une promenade, ne fut-ce que de quelques secondes, peut devenir un marchepied heureux vers la méditation profonde.
« Le corps silencieux. Accueille le Verbe ».
fr. Benoît Standaert osb.
(c) Clerlande 2022.
Qui veut poursuivre la réflexion sur la méditation, peut consulter l'interview de Maciej Bielawski en Italien, janvier 2022 : Une série de questions essentielles.